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Passons rapidement sur trois années de mauvais procédés, de pièges, d’injustices de la part des comédiens. J’arrive enfin à l’époque où l’on m’assure définitivement que l’on va jouer mon drame. Ce fut M. Desentelles, intendant des Menus, qui m’en apporta la nouvelle de la part de l’aréopage tragi-comique ; c’étoit au mois d’octobre 1788.

Le tems s’écoule encore. Au milieu de toutes ces tracasseries, un aimant patriotique m’attire à Versailles. Le tems approchoit où l’assemblée nationale devoit porter un œil sévère sur les abus, et rétablir l’homme dans toute la dignité de ses droits. Quel magnifique apperçu pour une âme ardente et civique ! Je brûle de m’élancer dans la carrière des projets d’utilité nationale ; et laissant-là comité, tripotteries, rôles, pièces, acteurs et actrices, je ne vois plus que plans et bonheur public. Le souvenir de six ans de vexation, retentit pour la dernière fois dans mon cœur. L’excellent homme, le grand Molé, s’offrit encore à ma mémoire, et je pris congé de lui en ces termes :

Le 6 novembre 1788.

« Avant de mettre à exécution ce qui me reste à faire, monsieur, il est de mon honnêteté de