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de M. Chénier ; son orgueil, peut-être, ne me le pardonneroit pas ; mais il me permettra de dire que mon drame renferme, aussi bien que sa tragédie, un but moral. C’est un grand homme que l’auteur de Charles IX ; c’est le seul qui ait osé repousser l’oppression des comédiens : il nous encourage tous ; et la cendre des Dubelloi est enfin vengée. Déjà de son tems les comédiens qui ne tiroient leur existence et leur gloire que des productions de ces génies célèbres, moissonnoient tyranniquement dans le champ de la littérature, et laissoient à peine aux auteurs la faculté d’y glaner : jusqu’à nos jours la comédie françoise a successivement ajouté des anneaux à cette longue chaîne d’injustices, de vexations, d’opprobres dont elle accable les gens de lettres.

Je n’ai pas la prévention de me compter parmi ceux dont la France s’honore ; mais quels que soient mes droits à l’estime publique, l’ambition d’être utile et de cueillir quelques lauriers, m’a cruellement exposée aux outrages des tyrans de la scène. Huit années de persécutions, tel a été le fruit amer qu’ils m’ont forcé de dévorer. Heureuse encore d’avoir échappée aux cachots de la Bastille où ils voulurent me précipiter !

C’est à votre tribunal, à celui du public, que