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Gouges nous a fait assister à l’entretien des grands hommes du siècle passé : elle a groupé ces personnages, de manière qu’il n’y a point une intrigue soutenue ; il en existe une cependant, mais qui est cachée : elle marie son fils à la fille de M. de Châteauroux.

Les principales circonstances de la vie de Christine sont enchâssées avec art dans ce drame, qui ressemble à ces tableaux des grands maîtres, où ils n’ont pas craint de grouper un grand nombre de personnages, et les mettre en action l’un par l’autre.

II falloit beaucoup de souplesse dans l’imagination pour faire parler Scarron et Christine, Désyveteaux et le grand Condé ; ce que dit Molière est toujours digne de lui ; c’est son sens grave, réfléchi, mêlé de quelques plaisanteries philosophiques.

Désyveteaux est peint avec une telle verité, qu’on croit l’entendre et le voir avec sa musette et sa panetière. Il y a des traits de force à côté de traits délicats.

C’est dans la société de Ninon que Molière a puisé son Tartuffe, la pièce la plus parfaite qui existe sur aucun théâtre, et qui joint à la sublime expression l’utilité morale. Ce fait remplit la scène quinzième, et donne une leçon à tous les poètes comiques, de savoir puiser dans le monde plutôt que dans les livres, ou dans les étroites combinaisons d’un jargon maniéré. Il