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Patience lecteur, ceci tire à sa fin.

Pendant la lecture de ces fameux bulletins, j’examinois toutes les figures, mais toutes cherchaient à éviter mes regards ; celle de Desessarts était la seule qui ne changeoit pas d’attitude ; la tête étoit à peindre, sa joue appuyé sur sa canne, et la bouche béante, avec une langue qui sortoit à moitié, qui exprimoit la joie qu’il ressentoit à chaque lecture, et au redoublement de ma confusion.

Si le célèbre Greuze étoit curieux de faire un tableau de comité, voilà un sujet propre à varier son genre, et qu’il ne rendroit pas moins sublime.

Je me levai, et leur dis, avec un ton modeste :

Mesdames, et messieurs, je suis fâchée que vous n’ayez pas reçu ma pièce, et cela ne doit pas vous étonner. Je vois que je suis trompée ; mais ce qui me console, c’est de voir que MM. Palissot, Mercier, Lemierre, et vingt-quatre autres personnes recommandables se soient trompées comme moi, et qu’ils aient encore plus de tort de m’avoir exposée à vous présenter une mauvaise production.

J’ai l’honneur de vous saluer ; et je sortis de leur caverne aussi grande qu’ils étoient petits.

Je fis imprimer sur le champ cette pièce avec mon Esclavage des Nègres. Ces deux productions réussirent parfaitement à l’impression, à la confusion des comédiens ; ils tentèrent de nouveau d’arrêter