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lement, répliqua ce pourceau d’Épicure. Qu’on envoie chez eux tous les garçons de théâtre. Ces messagers de la scène olympique vinrent rapporter, tous à la fois, que les déesses et les dieux étoient tous en ville depuis cinq heures du matin. Cette uniforme disparution étoit trop marquée pour que je ne fusse pas déjà convaincue du sort qui m’attendoit ; mais je voulus en voir la fin. Je fus donc fixée définitivement au mercredi d’ensuite ; j’écrivis la lettre qui suit au semainier perpétuel de la comédie :

« Je vous prie, monsieur, de prévenir vos camarades que mercredi on lit ma pièce. J’espère qu’au nom de Molière toute la comédie voudra bien s’y trouver ; que cet ouvrage mérite la présence de tous les comédiens ; que si elle n’est pas reçue, je veux la voir refuser avec les honneurs de la guerre, pour me bien persuader que mes juges sont impartiaux ».

On s’efforce d’arriver l’un après l’autre ; la lecture étoit déjà finie, que le nombre n’étoit pas encore complet. Il y a trente acteurs, et je n’en ai eu que treize. Chacun jugeoit ce qu’il en avoit entendu, sans avoir connu l’exposition de la pièce ; car il n’y en avoit que quatre au commencement de la lecture ; et pour comble de malheur une maudite porte de derrière, par laquelle les comédiens passent toujours, ne pouvoit jamais se tenir clause. Chacun à son tour se levoit, pour essayer de la fermer de nouveau. Enfin, la lecture de ma pièce se termina