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pièce et de la faire jouer, lorsque le public l’aura jugée de nouveau. J’y joindrai mon innocence, ma soumission, mon honnêteté, que la comédie ensemble ne sauroit détruire ; j’espère, madame, que par la suite vous me rendrez plus de justice. C’est dans ces sentimens que j’ai l’honneur d’être, etc. ».

La querelle en étoit à ce degré de chaleur, mais j’aime la paix ; je la préférai encore aux effets de l’indignation : j’imaginai de recourir à l’intervention du père de la comédie ; j’écrivis ma pièce de Molière chez Ninon ou du siècle des grands hommes, et je la proposai au théâtre par la lettre suivante.

Mesdames et Messieurs,

« Sans pouvoir deviner la cause qui m’avoit méritée une inimitié si manifestée de votre part, j’ai cherché depuis six ans tous les moyens de l’éteindre, et je n’ai fait que l'allumer de nouveau. Molière m’est apparu dans un songe ; mon nom seul, m’a-t-il dit, doit te raccommoder à jamais avec la comédie françoise. Voici le plan que je vais te donner : fais-moi trouver chez l’incomparable Ninon ; transporte-moi avec son aimable société sur la scène de tes jours. Suis-le, me dit-il, je te promets que la comédie