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On étoit au commencement de l’été ; le sieur Molé, la demoiselle Comtat et d’autres premiers emplois partoient pour la province : « qu’allez-vous faire, demanda le sieur Molé aux doubles restants ; aucun auteur ne veut se faire jouer dans une mauvaise saison. Vous avez vingt tours pour un à donner. Gratifiez-en d’un la pauvre madame de Gouges. Si sa pièce paroît imprimée, et qu’elle réussisse, on nous prêtera un ridicule d’en avoir retardé la représentation. »

On décrète la motion. Je fais briser les planches chez l’imprimeur, à qui je paie cinq à six louis en frais de composition. La copie des rôles à la comédie françoise, comme aux autres spectacles, est à la charge du théâtre ; mais je suis si enthousiasmée d’avoir un tour qu’on ne doute point que je ferai mon affaire de cette dépense ; je la solde, avec vingt écus au souffleur. Enfin, les rôles sont distribués. Autre malheur qui pour cette fois fut réelle, et qui affligea les amis des arts. Mademoiselle Olivier tombe malade, et meurt. Il est vrai que cet accident ne ferma point les portes de la comédie. Madame Petit reprit les rôles de mademoiselle Olivier. Seulement on oublia celui de l’esclavage des noirs. On donne des pièces nouvelles, qui ne devoient passer qu’après la mienne. Je me plains, on ne