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ADRESSE
AUX REPRÉSENTANS DE LA NATION.


Messieurs,

Les gens de lettres viennent de soumettre à vos regards une cause vraiment digne d’une assemblée aussi auguste, aussi respectable ; la défense du talent, la défense du génie : moi, j’ose y joindre celle de l’humanité.

Encouragée par cette noble démarche des littérateurs Français, une femme qui s’est hasardée de marcher en tremblant sur leurs traces, s’avance avec courage vers votre intègre et imposant tribunal, persuadée que son sexe, et la cause qu’elle défend, trouveront de zélés défenseurs dans les représentans d’une nation qui sera toujours un modèle d’honneur et de loyauté.

Aurois-je donc à craindre que dans ce tems d’équité et de lumières, le despotisme des comédiens et l’inhumanité des Colons, continuassent à me tenir dans l’humiliation de la dépendance ? Et pouroit-il dire encore qu’il seroit impolitique de continuer les représentations d’un ouvrage approuvé et censuré sous les deux régimes : et quand j’ai pour moi la loi ancienne et moderne,