Page:Gouges-comediens-demasques.djvu/13

Cette page a été validée par deux contributeurs.

telle que je l’avois d’abord conçue, en un acte. Confiante, je cédai : ma pièce est lue au comité. Mais, oh, malheur ! J’avois oublié de rendre une visite préalable aux dieux des coulisses, et de me prosterner aux pieds des déesses ; je fus unanimement éconduite ; les sarcasmes, les brocards ne me furent point épargnés. Repoussée des françois, ne pouvant plus me présenter aux italiens mécontens de ma démarche, on s’applaudissoit du double plaisir de m’avoir nui de deux côtés. Indignée, et du procédé et du persiflage, mon âme s’épancha. M. le chevalier de Cubières, auteur chéri de la comédie françoise, fut témoin de mes plaintes amères. En devint-il l’écho ? Je ne sais ; mais elles furent rendues fidèlement au comité. Le lendemain de l’explosion, lui, chevalier de Cubières et moi, nous rencontrâmes, au sortir de la comédie, l’illustre Florence, seigneur suzerain d’une meute de chiens, dont il étoit alors accompagné[1]. Il m’aborde avec l’œil farouche d’un confident des Néron de la scène : « La comédie françoise, me dit le célèbre personnage, est instruite des propos que vous avez l’audace de tenir sur son compte : elle a décidé de ne plus recevoir à l’avenir

  1. Le sieur Florence est connu pour avoir eu alors un équipage complet de chasse.