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Pour faire de leur vie étrange des poèmes
Pompeusement vêtus d’espoir.
Aussi ne songe plus aux forets, aux prairies,
Les squares sont mieux ratissés !
Les soleils de là-bas berçaient les rêveries :
Par le gaz ils sont remplacés.
Que t’importent la rose, et l’humble marguerite,
Et l’insupportable muguet ?
Le bitume a des fleurs dont le parfum irrite :
Va donc m’y cueillir un bouquet.
 

LE POÈTE

J’y vais ; je ferme le livre
Où j’inscrivais mes vertus ;
Mes remords sont combattus
Par le désir de voir vivre.
 
Aussi je donne congé
Aux hommes morts de Plutarque.
Dans la foule je m’embarque
Sans crainte et sans préjugé.

J’irai voir parmi la brume,
Sous les becs de gaz fleuris,
S’il est certain qu’à Paris
Tout pousse sur le bitume ;