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Près du Panthéon, une espèce de brasserie à double fond ouvrait ses entrailles aux peloteurs de la dame de pique. On trouvait là durant les après-midi, à l’heure de l’absinthe, des pions de collège, venus des diverses officines à bachot des environs, des étudiants quelconques, peut-être bouchers ou marchants de grains ; puis, le soir, une foule cosmopolite, des êtres hybrides, des pochards et des gens de sang-froid. Sous les becs de gaz rutilants, un monsieur taillait un bac remarquable. Dans les coins sombres, on installait le chemin de fer des pauvres. C’était une usine à neuf ou à huit. J’y gagnais dès l’abord, oh ! naturellement. Puis, régulièrement, le sombre décavage s’appesantit sur ma frêle bourse, dévorant les appointements gagnés, les sommes empruntées à des tiers, les rares subsides envoyés par une famille terrible, croyant que l’on peut vivre, à Paris, fin dix-neuvième siècle, avec 126 fr. 25 par mois, après deux ans de surnumérariat gratuit.

Les amers décavages m’inspirèrent des défiances vis-à-vis des veinards perpétuels. Ce sont gens qu’on appelait jadis des grecs, sans qu’en vérité cette nation lointaine ait mérité, plus qu’une autre, cette renommée. Grecs ! soit !