Page:Goudeau — Dix ans de bohème, 1888.djvu/84

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

me l’a donnée comme authentique, et, en tout cas, elle est fort vraisemblable. Le substitut s’était ému de certains passages du roman, et il crut devoir mander ou Catulle Mendès ou Adelphe Froger, peut-être tous les deux afin de leur déclarer qu’il allait entamer des poursuites. Là-dessus, on le pria de vouloir bien attendre qu’Émile Zola, le principal intéressé, eût été averti. Ce qui fut fait. Zola se rendit au parquet de Meaux, et défendit son roman : « Sans doute, il semblait qu’il y eût là un parti pris de violences, il n’en était rien ; c’était œuvre d’artiste, œuvre publiée dans une revue artistique, ne s’adressant qu’à des lecteurs épris d’art, et fort au-dessus de n’importe quel scandale ; d’ailleurs, la fin de l’œuvre, essentiellement morale, montrerait bien quel but comptait atteindre l’écrivain, qui se targuait d’être un franc, un honnête bourgeois, etc., etc. »

Zola s’est servi depuis bien souvent de ces arguments ; ils étaient neufs alors, et le substitut consentit à ne pas faire bouger les tonnerres de la loi — très sévère en ce temps-là.

Quand le livre fut publié chez l’éditeur Charpentier, ce fut le parquet de la Seine qui s’émut ; mais alors — oh ! alors — il lui fut répondu que