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PROMENADE


Le notaire sera noir…
Ces gens-là, c’est si morose !
Toi, tu seras blanche et rose,
Ayant, pour si grave chose,
Pris conseil de ton miroir.

Et puis, le sourire aux lèvres,
Pieds légers, et cœurs ouverts,
Au soleil, par les prés verts,
Nous nous en irons devers
Les riants coteaux de Sèvres.

Tout seuls, chantants et bénis !
À nos pieds, des fraises mûres !
Sur nos fronts, les longs murmures
Qu’on entend dans les ramures
Où s’enchevêtrent les nids.

Et les morts, sous l’herbe épaisse —
Si, par hasard, nous passons
Près d’un cimetière — aux sons
De nos joyeuses chansons,
Rêveront de leur jeunesse.

Et les cieux seront posés
Sur ta tête et sur la mienne,
Et, tout là-bas, dans la plaine,
Ô mignonne, je t’emmène
Faire la chasse aux baisers.

Très peu de temps après, parurent les Chan-