Page:Goudeau — Dix ans de bohème, 1888.djvu/44

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

je me hâtais d’aller humer la belle gaîté des jeunes poètes et de leurs camarades. L’illustre Sapeck, rapin excentrique, mine froide et grave d’Anglais spleenétique, était le chasse-chagrin en personne, le boute-en-train. C’est lui qui, voyant sommeiller les chansons dans les gosiers à sec, criait :

— Que l’on apporte du champagne !

Et l’on choquait les verres, en chantant :

Au jardin de mon père
Les lilas sont fleuris,
Au jardin de mon père
Les lilas sont fleuris ;
Tous les oiseaux du monde
Viennent pour y fair’ leurs nids ;
Auprès de sa blonde
Qu’il fait bon, fait bon, fait bon,
Auprès de sa blonde
Qu’il fait bon dormi.

Ou bien encore cette chanson, de Marguerite (ou Madeleine), dont voici une version (il y en a beaucoup d’autres) :

Marguerite s’est coiffée
De six bouteilles de vin,
Marguerite s’est coiffée
De six bou — ou — ou
De six bou — ou — ou
De six bouteilles de vin.