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glais, long, froid, barbe lisse et châtaine ; Lebargy (allez voir aux Français)… On pourrait longtemps continuer, de la sorte ; vous ne seriez guère plus avancés.

Dans les numéros de l’Hydropathe, à la suite de la charge, où tous sont peints couleur brique, à l’instar de figures étrusques, je cueille quelques sonnets-silhouettes, les uns de Jouy, plusieurs de Cabriol, les autres de celui-ci ou de cet autre.

Voici ce qui fut alloué au président dans le numéro un. On ne dira pas que les hydropathes furent une société d’encensoir mutuel. Avec quel irrespect Grenet-Daucourt traite son supérieur :

Sa barbe est noire, noire, et son front haut, austère,
Son nez est ordinaire, et son œil est hagard ;
Il a l’esprit alerte et prompt comme un pétard,
L’hydropathe le craint, mais se tait et vénère.

Il est bavard comme un portier de monastère,
Mais n’aime pas le bruit des autres ; et sait l’art
D’apaiser la tempête avec un bolivar
Dont il couvre à propos son crâne âpre et sévère.

Il tient un peu de l’ours et du bâton noueux :
« Oh ! c’est qu’un imbécile et moi ! cela fait deux ! »
Dit-il, et, devant lui, l’hydropathe frissonne.