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subtil de Sivry, le doux cabaliste, avec parfois tout un orchestre. Puis, le maître musicien, le maître chanteur des hydropathes, Georges Fragerolle : je cite parmi ses compositions le Noël de Jean Richepin, la Promenade de Bouchor, le Chat botté d’André Gill, Si voulez, mademoiselle d’Émile Goudeau ; dès cette époque, avec un talent incontestable, il prenait les paroles des poètes et leur donnait les ailes de la musique, et surtout, il les chantait lui-même avec une voix de baryton Martin douce et forte, franche et souple. Ç’a été le maestro des hydropathes, comme il l’est du Chat Noir. D’autres compositions telles que la Marche de Macbeth suffiraient à le classer ; mais il n’en abuse pas, et préfère chanter ce qui sonne net, et entre bien dans l’oreille. À quand son opéra-comique ?

Je ne puis rien citer du compositeur, n’est-ce pas ? J’entends néanmoins en écrivant ces lignes un tas de tradéri, la la la, farafanfan, la la lère… Et puis les bravos des gens attablés. Bis ! bis ! bis !

Seulement il était un peu fumiste, ce Fragerolle, et allumait en ce temps-là trop de feux de bengale dans la salle des séances. Les musiciens ne sont pas parfaits.