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De Parisiens, d’étrangers,
Courant, au milieu des dangers
Du trottoir traître et des voitures,
Après l’or et les aventures,
Avec des pas lourds ou légers.

Georges Lorin, pas bachelier, simple Parisien des écoles communales, aimant son Paris, a vingt fois trouvé des accents tout spéciaux pour chanter sa grand’ville en déshabillé. C’est, lui, un moderniste. Qui sait si, plus tard, les poètes sauront le grec ? Parfois, dans la toge du poète, les pieds de Lorin s’embarrassent, et déchirent un peu l’étoffe ; puis, bast ! une pirouette, un lazzi de gavroche, une larme de spectateur ému et sincère de l’Ambigu, et il se retrouve bon Parisien d’atelier, doux rêveur d’asphalte, guettant à la lune les minois qui passent, ou bien les vitres qui s’allument, se garant des voitures, et mordant son mouchoir pour dissimuler des sanglots. Ce doux rêveur fut mon premier camarade… mais quel mauvais président d’hydropathes ! trop libéral, trop libéral !

Un autre vice-président, c’était Georges Moynet. Encore un Parisien, né à Versailles, mais joyeux, et pas versificateur pour un liard — il a essayé de versifier une opérette, son