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Ton cœur est neuf, ton bras nerveux,
Viens lutter contre la chimère.

Use ta vie, use tes vœux
Dans l’enthousiasme éphémère,
Bois jusqu’au fond la coupe amère,
Regarde blanchir tes cheveux.

Isolé, combats ! Souffre ! Pense !
Le sort te garde en récompense
Le dédain du sot triomphant,

La barbe auguste des apôtres,
Un cœur pur et des yeux d’enfant
Pour sourire aux enfants des autres.

N’est-ce pas navrant, avec la reculée du souvenir, d’apercevoir cet athlète, gémissant cet « horoscope », lui qui devait être courbé sous les effroyables douches de Charenton.

C’était Charles Frémine, le rude gars normand, le chantre de Floréal, le poète des Pommiers. C’étaient Paul Arène, Buffenoir, Léon Valade. Et Monselet disait le fameux sonnet du cochon :

Je t’adore, ô cochon, cher ange !

C’était Georges Gourdon, que la politique a pris un peu trop et Mélandri, photographe, poète et dramaturge ; Alphonse Laffitte, un gai,