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Et qui savroit a droit les ·vii· arz, il seroit creüz en toutes lois. Car il n’est nus qui contrester le pouist[1] de chose qu’il vousist prouver, fust faus ou voir. Car il prouveroit par vive raison quanqu’il voudroit et droit et tort[2]. Si est cil fouls qui cuide savoir nulle[3] chose a droit qui apar-[F° 32 c] tiengne a clergie, pour nulle chose qui aviengne[4], se n’est par miracle[5] de Dieu qui tout peut faire, se il ne set des ·vii· arz. Car tout ne li vaudroit nient[6] a ce qu’il peüst moustrer riens, ne prouver a droit ne faus ne voir[* 1]. Car eles sont creües en toutes les lois la ou eles sont leües.

Et si n’est nus, tant soit de diverse loi[7] ne de divers language[8], que, s’il converse avec[9] autres genz[10], pour qu’il sache riens des ·vii· [F° 32 d] arz[11] a droit, ne prouver de leur usage ne[12] de lor[13] parz nulle chose qui soit, qu’il[14] ne soit creüz comme sages[* 2]. Ne ja ne sera paiens si divers que crestiens ne juif le peüst contredire de riens[15] de chose qu’il ne vousist dire ne prouver. Et[16] ne sont pas decretales ne lois que aucunes genz tiennent a males les constitutions qui y[17] sont, pour ce qu’autres les font et tiennent[* 3]. Car toutes les lois se tiennent as ·vii· [F° 33 a] arz ; et toutes les croient et retiennent[18], la ou il a genz qui riens en sachent. Car toutes resons[19] qui vienent des ·vii· arz sont voires en toutes causes et en toutes resons[20] par touz lieus. Car ce ne sont pas muables sciences que[21] touz jours sont estables et veraies[22].

Mais nous en laisserons a tant a[23] parler ; car vous en avez oÿ[24] ça devant souffissaument[25]. Si vous dirons de nature aps et briément que

  1. — B : qui le pouist contrester ; N : qui le peust contrester.
  2. — B : et tort et droit.
  3. — B et N : nule.
  4. — B : nule ; N : nules choses qui avieignent.
  5. — B : se cen n’est pas espetial miracle... puet ; N : se n’est par miracle... ; A : se n’est pas ; C : ce n’est par.
  6. — B : noient.
  7. — B : loy.
  8. — B : langages.
  9. — B et N : avoec.
  10. — B : gens.
  11. — B : « arz » manque ; A : « arz » répété deux fois.
  12. — B et N : usage et de...
  13. — B et N : leur.
  14. — B : qui ; N : qu’il.
  15. — B : de riens contredire.
  16. — B : Ce.
  17. — B : i.
  18. — B et N : retiennent. ; A : retenient : cette forme n’est pas confirmée par d’autres ouvrages et est isolée dans le manuscrit A.
  19. — B : raisons.
  20. — B : raisons.
  21. — « que » : cf. note f° 123 b du texte.
  22. — B : sont veraies et estables ; C : maiz sunt touz jours estables...
  23. — B : tant en parler.
  24. — B : oï.
  25. — B : souffisaument.
  1. * « Car tout... voir » : Car tous ses efforts seraient inutiles pour le mettre à même de montrer quoi que ce soit et de prouver avec autorité le vrai et le faux.
  2. * « Et si... sages » : Il n’y a pas un seul homme, quelque différents que soient son langage et ses coutumes, qui, s’il parle à d’autres gens et sache quoi que ce soit à propos des vii ars sans rien connaître des coutumes ou de quoi que ce soit qui concerne ces gens, ne soit considéré par eux comme sage.
  3. * « Et ne sont... et tiennent » : Et ce (les 7 arts) ne sont pas des lois et décrets dont certaines gens considèrent les règles (qui s’y trouvent) comme mauvaises parce que ce sont d’autres gens qui les font et les observent.

    La construction est la même dans la rédaction en vers.

    Sloan f ° 88 c :

    Ne sunt pas lois ne decretales
    qu’autres gens tenroient a males
    les constitutions qui sunt
    pour ce qu’autres tienent et font.