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i[a].
Cist chapistres parle de[1] la poissance Dieu.

Quant Diex fist[2] le monde au commencement, il ne li en estoit nul mestier. Car autretant avoit il devant comme il ot après. Car Diex fu devant et sera touz jourz[3], sanz fin et sanz commencement[b]. Donques ne s’en amenda il de riens. Car [F° 4 d] il ne li failli onques nulle chose.

Tout voit, tout tient en sa main. Il n’ot onques ne faim, ne soif, ne tans, ne mois, ne heure. Ainz demuere[4] tout adès en touz biens. Car a lui n’afiert ne tost ne tart ; quen qui onques, fust[5] ne qui ja soit li[6] est touz jourz[7] devant les ieulz[8], autresi bien li loing comme li près. Tout ausi bien veoit[9] il le monde ainz qu’il feüst[10] faiz, comme[11] fait orendroit[c].

Et se il n’eüst onques fait le monde, autre-[F° 5 a]tant vausist il adonques comme il puet jamais mieulz[12] valoir. Car autrement ne fust il pas Diex, se il ne seüt[13][* 1] tout et veïst tout, quanque jamais[14] estre peüst. Car ainsi feüst il defaillanz et nonpoissanz[15] d’aucune chose, et de tant fust il hons mortels[d].

Mais sa nature n’est pas tele. Car il est Diex entierement, sanz commencement et sanz fin. Nulle ne li est viez ne nouvele ; ainz li est touz jourz[16] bele et fresche ; et touz biens[17] sont siens[18] [F° 5 b] a droiture et par nature s’en vount[19][* 2] a lui. Car de lui viennent touz[20] et muevent et a lui tienent[21] leur droit chemin.

Il n’avra ja cure de nul mal ; car sa bontez est toute pure et saintisme et sainne et nete[22], sanz nul mal. Car li mal li sont contraire, et pour ce couvient[23] il qu’i[24][* 3] se traient en sus de lui et de[25] touz ses biens. Car

  1. — B : Ci premiers chapitres parole de...
  2. — B : fist manque.
  3. — B : jours.
  4. — B : demeure.
  5. — B : tout quen qui onques fu.
  6. — A : il.
  7. — B : jours.
  8. — B : ieux.
  9. — B : voit.
  10. — B : que il fust.
  11. — B : comme il.
  12. — B : comment il puet jamès miex.
  13. — B : seüst.
  14. — B : jamès.
  15. — B : fust il defaillans et nonpoissans.
  16. — B : jours.
  17. — B : et tuit bien.
  18. — B : sien.
  19. — B : vont.
  20. — B : viennent tuit.
  21. — B : tiennent.
  22. — B : saine et neite.
  23. — B : convient.
  24. — B : qu’il se..
  25. — A : de manque.
  1. * seüt : la chûte de l’s en angln. est confirmée : eüt (habuisset), deüt, etc. (Stimming, o. c. p. 226.)
  2. * vount : forme angln., Suchier, Altfranz. Gram., p. 66. Ex : doune, ount, fount Stimming. o. c. p. 192. Voir f° 11 d « fount ».
  3. * « qu’i » = qu’il : cette forme se présente fréquemment soit dans le m. A, soit dans B, cf. pour A f° 6 c, 8 c, 11 b, etc. ; pour B f° 17 d, 93 a, etc. Les exemples sont nombreux dans d’autres textes : Chevalier du Papegau (Halle 1897), p. 11. 29, 32. 9 etc. ; fréquent aussi dans le Narbonnais (ed. Suchier).
  1. [F° 4 cF° 6 c = vers 31-132.]
  2. « car Diex... commencement. » Sydrach Ad. 240.
  3. « Car lui... orendroit. » Sydrach Ad. 1 — S. 115.
  4. « car autrement... mortels. » Sydrach Ad. 208 — S 324.