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Dès le IXe siècle le premier évêque de Paris a été identifié avec Denis l’Aréopagite, légende qui doit son origine à Hilduin[1]. Une des plus sérieuses accusations contre Abailard a été son refus d’admettre cette identité.

Il est certain que saint Denis n’a pas vu le jour à Naxos ; quant à l’Aréopagite, son origine est prouvée : Suidas[2], son biographe, nous dit qu’il est né à Athènes.

Comment expliquer cette seconde erreur de Gossouin ? La réponse est fort simple. Les fertiles vignobles de Naxos l’avaient fait surnommer Dionysias (c’est-à-dire l’île de Dionysus, autrement dit Bacchus). C’est donc cette ressemblance fortuite qui a trompé notre auteur et l’a induit à faire de Naxos le lieu natal de saint Denis.

Fo 69 A. — Isidore[3] décrit les deux îles de Melos et de Paros ; il ajoute que, de cette dernière, on tire du marbre blanc. Gossouin a combiné les deux îles dans sa description de Melos.

Il mentionne ensuite la reine de Samos « qui prophétisa la venue du Christ ». Elle était une des plus fameuses sibylles et la sixième en rang.

Fo 69 B. — L’île de Bosus où les serpents ne peuvent vivre est sans doute l’"Εβυσσος mentionné par Ptolémée. C’est l’île d’Iviça, une des Baléares.

Colombine, la Columbina Terra ou Colubraria de Pline, peut être soit l’île de Formentera, soit le groupe des Columbretes sur la côte d’Espagne. La position de cette île sur les anciennes cartes ne permet guère de résoudre la question : la probabilité est en faveur de Formentera, quoique la forme même du mot « Columbretes » soit un argument en faveur de ce groupe peu important.

Fo 69 D. — L’île disparue de Platon dans la mer Bétique est naturellement l’Atlantide dont le philosophe grec parle dans le Critias[4] et dans le Timée[5].

Gossouin décrit en quelques mots l’île perdue de saint Brandan. Sur les cartes du moyen âge[6] elle est placée au sud de l’île Antilia, à l’ouest des îles du Cap Vert.[7]


Ch. VI. — Le chapitre six est presque entièrement consacré à l’Irlande. Les merveilles de ce pays ne le cédaient en rien à celles de l’Inde au moyen

  1. Hilduin, Areopagitica (Migne. Patrologia, t. 106, col. 2009).
  2. Suidas (Migne, Patrologia. Series Græca, t. 117, col. 1251).
  3. Isidore, o. c. XIV. 6, 28, 29.
  4. Le Critias ne semble pas avoir été connu au moyen âge.
  5. V. sur le Timée p. 29 n. 1.
  6. V. Miller, o. c, passim.
  7. Dans la seconde rédaction en vers, le chapitre sur saint Brandan a été considérablement étendu et comprend 1740 vers, reproduits par Jubinal dans sa Légende de saint Brandaine (Paris, 1836, p. 105 s.) d’après le manuscrit Bibl. Nat. fonds fr. 1444. — V. aussi p. 51.