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Si poons bien savoir que moult est Nostre Sires puissanz, et est de moult trés haut afaire, quant il sot[1] faire si haute chose comme est li ciels et li soulaus et toutes les autres choses[2] qui sont en ciel et[3] en terre. Tels sires doit bien e-[F° 131 c]stre Diex qui set faire si nobles choses comme nous vëons encloses el ciel. Dont nous le devons moult amer. Et bien puet penser chascuns que ce desus est moult gentill et moult noble, quant ce qui est desouz est si soustill[4]. Car[5] ce qui est desus est plus grant[6] ·c·m· tanz que ce qui est desouz, et plus qu’en ne pourroit conter par nombre que l’en peüst penser[7]. Car c’est chose sanz nul termine, qui ne se define de nulle[8] part.

Par quoi[9] je ne [F° 131 d] puis pas entendre que riens qui soit puisse pourprendre[10] ce qui est desus le firmament, ou paradis pourprent son lieu, ne raemplir ne puet pour riens qui soit, se des biens Dieu n’estoit raempliz. Mès[11] Diex est si plains de touz biens, qu’il aemplist toutes autres choses qui doivent part avoir en bien. Et li[12] mals se depart si du bien, qu’il le laisse vuit[13] de touz les biens qui soient, autresi comme se ce ne fust riens. Dont l’en dit[14] que ne-[F° 132 a]chiez n’est riens, pour ce qu’il est de touz biens vuiz[15], et fait le cors et l’ame si vuit que li uns[16] est destruiz avoec l’autre. Car touz jourz[17] vient mal a noient et li biens va touz jourz croissant. Et pour ce n’est mals ne pechiez riens qui soit. Car il vient a noient aussi[18] comme fiens.

Nulle riens n’est qui doie estre a droit, fors ce qui doit estre permananz[19]. Et pour ce se fait[20] bon tenir près du bien, car il amende tout adès. [F° 132 b] Et qui voulentiers[21] fait bien, li biens le met en paradis a force ; et estre li estuet, car ailleurs ne puet demorer. En paradis couvient qu’il viengne por[22] prendre son lieu et pour lui aemplir.

L’en ne porroit faire tant de bien qu’il ne trouvast touz jourz son lieu et son repaire. Car cil lieus est sanz nul termine, que[23] nus biens n’i define, ne ne faut. Et est touz jorz[24] plains de joie, de bien[25] et de leesce sanz riens de vuit. Dont chascuns [F° 132 c] sera touz sires qui vers Dieu le desservira[26].

D’enfer vous repuis je bien dire autretant, ou il n’a[27] fors que douleur et martyre[28] et angoisse, qu’il ne porroit pas estre plains, se toz[29] li mondes estoit periz et trestuit s’en alassent en enfer, ne par[30] chose qu’il i portassent, qu’il ne[31] feïssent[32] male fin et qu’il n’ardissent touz jourz sanz

  1. — B : set.
  2. — B : « choses » manque.
  3. — A : en ciel et en ciel et.
  4. — B : soutill.
  5. — B : Par.
  6. — B : granz.
  7. — B : que l’en ne porroit penser.
  8. — A : nl’le part.
  9. — B : quoy.
  10. — B : porprendre.
  11. — B : Mais.
  12. — B : le.
  13. — B : wuit.
  14. — B : dist.
  15. — B : wuiz.
  16. — B : wuit que l’uns.
  17. — B : jours.
  18. — B : ausi.
  19. — B : fors cele qui est permananz.
  20. — b : pour ce ce fait.
  21. — B : volentiers.
  22. — B : pour.
  23. — B : car.
  24. — B : jourz.
  25. — b : biens.
  26. — b : deservira.
  27. — B : « n’a » manque.
  28. — B : martire
  29. — b : touz.
  30. — b : pour.
  31. — B : qui ne.
  32. — B : feïsse.