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nul tresor du monde, que il vit sëoir el trosne d’or ·i· philosophe de grant renommée, que[1][* 1] ensaingnoit[2] ses deciples dedenz son trosne ou il se sëoit, et les ensaingnoit de natures et de bonnes mours, et le cours des[3] jours et des [F° 123 c] estoiles, et la senefiance et la raison des choses qui ont sapience. Cil philosophes avoit a non Hyarchas.

Puis rala tant par maintes contrées qu’il trouva la table de fin or qui fu de si grant renommée[4] que ele fu clamée table du souleill[5], ou touz li mondes fu pourtraiz[6]. La vit il et aprist mainz faiz et maintes merveilles que il ama plus que nul roiaume. Cil erra tant par estranges terres, que il passa le flueve de Ganges et toute Yn-[F° 123 d]de jusques a[7] la fin, tant comme il pot chemin trouver. Et ou[8] qu’il fut[9], touz jourz trouvoit aucune [10] chose ou il pooit aprendre, et qui adès pooit proufiter a soi et a autres pour soi avancier devant Dieu.

Alixandres en resoufri[11] maint travaill autresi[12] pour aprendre. Mes[13] il s’en[14] aloit richement[15] comme rois et a force de gent. Dont il ne pot mie si bien aprendre n’enquerre droite verité.

Virgiles recercha main-[F° 124 a]tes terres pour enquerre verité des choses.

Tholomeus, qui d’Egypte fu rois, n’en clama pas quite sa partie. Ainz ala par maintes contrées, tant qu’il ot trouvées maintes merveilles.

Sainz Pols[16], qui fu moult preudomme[17], ala par maintes contrées pour plus aprendre et pour vëoir touz les bons clers que il[18] porroit trouver.

Sainz Brandins[19] ne fina onques d’errer[20] et par mer et par terre pour aprendre tant seulement, et vit maintes granz merveilles. Car il [F° 124 b] vint en une ylle[21] de mer la ou il[22] vit oisiaus qui parloient ausi comme esperiz, qui li distrent aucunes choses dont il leur demanda l’entendement. Si ala par mainz[23] autres lieus, et tant qu’il en trova[24] ·i· si perilleus et si plain d’esperiz en si grant[25] tourmenz[26] que l’en ne porroit penser. Et en vit ·i· qui li respondi, et dist que ce estoit Judas qui trahi[27] Dieu, qui estoit le jour ·c· foiz tormentez, ne morir ne pooit. Et autres granz merveil-[F° 124 c]les vit, si comme il est raconté en sa vie.

Maint autre philosophe, qui moult soient de bien, cerchierent le monde

  1. — B : qui.
  2. — B : ensaignent.
  3. — A : de.
  4. — B : renoumée.
  5. — B : soleill.
  6. — B : portraiz.
  7. — B : jusqu’en.
  8. — A : on.
  9. — B : fust.
  10. — B : trouvoit il aucune...
  11. — B : resouffri.
  12. — B : « autresi » manque.
  13. — B : Mais.
  14. — B : « s’en » manque.
  15. — A : richemès.
  16. — B : Pouls.
  17. — B : preudoume.
  18. — A : « il » manque ».
  19. — B : Brandains.
  20. — B : « d’errer » manque.
  21. — B : Car il trouva en une ysle.
  22. — B : « il » manque.
  23. — B : mains.
  24. — B : trouva.
  25. — B : granz.
  26. — B : tormenz.
  27. — B : traï.
  1. * « que » nom. se retrouve f° 33 A et 46 B. Dans le cas de 33 A, « que » est probablement conjonction.

    « que » nom. est confirmé : cf. Chevalier du Papegau (Halle, 1897) p. 10, 2 ; 12, 30, etc. Stimming, o. c. p. XXV, XXVI.