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troisons[1] et tant amoit astronomie qu’il voult ces choses encerchier. Si vous dirons[2] d’aucunes choses qui ne vous seront pas contraires se vous le[3] voulez [F° 111 a] entendre et oÿr ; ainz i porrez[4] prendre aucun bien. Et puis aps vous mesurerons le monde au miex[5] que nous savrons. Or entendez du roi[6] Tholomeus et d’autres[7] philosophes pour vostre preu meïsmes.

  1. — B : demostroisons.
  2. — B : vous en dirons.
  3. — B : les.
  4. — B : porroiz.
  5. — B : mieulz.
  6. — B : roy.
  7. — B : des autres.


viii[a].
Du roi Tholomeus et des autres philosophes.

Tholomeus fu uns rois moult soutis d’astronomie ; cil Tholomeus fu rois d’Egypte qui la terre en tint lonc tans. Il i ot plusors[1] rois qui Tholomeus orent a non. Mais ce fu cil qui plus sot d’astro-[F° 111 b]nomie, et qui plus enquist des estoiles que nus des autres. Dont il fist maint livre et maint bel estrument, par quoi l’en trueve apertement toute la grandesce de la terre et la hautesce du firmament, et comment les estoiles font leur cours adès de jour[2] et de nuit.

Par lui furent premierement trouvés[3] les orloges[* 1] de ces moustiers qui commencent les heures des jours[4] et des nuiz, les jours acourcent[5], qui ont moult grant mestier[6] as eglises[7] pour mieulz [F° 111 c] faire les services [8] a droit et a droite heure, et de jors[9] et de nuit. Car Diex aimme moult qu’en l’aoure et[10] que l’en le serve entierement et ordenéement chascun jour. Car les oroisons que l’en recite chascun jour plaisent plus a Dieu que ne font celes qui sont dites en divers lieus. Et pour ce avroient mestier orloges en chascune eglise[11].

Neïs les genz en vaudroient mieulz[12], selonc Dieu, et si en vivroient plus longuement, se il se contenoient a ·i· [F° 111 d] droit point d’orer[13], de mengier et d’autres choses, chascune[14] a sa droite heure. Si seroit ce legiere chose a faire, se il i voloient atourner[15] leur afaire ausi bien comme il font a faire, ce qui les confont et tue, cis avoirs dont il ont envie, dont il cuident leur vie pourchacier[16] pour assambler les granz tresors dont il pourchacent leur mort[* 2]. Car les granz tresors qu’il assamblent, si leur emblent leur

  1. — B : pluseurs.
  2. — B : jours.
  3. — A : trouvés.
  4. — B : jourz.
  5. — B : jourz acorcent.
  6. — B : « grant mestier » manque.
  7. — B : ysglises.
  8. — B : servises.
  9. — B : jours.
  10. — B : « et » manque.
  11. — B : eglypse.
  12. — B : miex.
  13. — B : d’ovrer.
  14. — B : chascun.
  15. — B : s’il i vouloient atorner.
  16. — B : porchacier.
  1. * « orloge » est tantôt m., tantôt fem. dans les mss. Les deux genres sont confirmés.
  2. * « Si seroit... mort » : Ce serait chose facile à faire s’ils voulaient disposer leurs devoirs avec autant de soin qu’ils mettent à se procurer ce qui les détruit et tue (c’est-à-dire) ces trésors qu’ils désirent et au moyen desquels ils croient pouvoir allonger leur vie afin d’assembler ces trésors qui leur donnent la mort.

    R : C’est que ilz sont du tout enclinz a conquerre lez richessez, ce dont ilz ne cessent ne nuit ne jour, et en cuident leur vie prolongier. Mais en amassent les granz tresorz et en pourchassent leur mort. Car...

  1. [F° 111 a115 b = Vers 5069-5296.] V. Introduction p. 48.