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Autres fontainnes sourdent en moult d’autres lieus qui guerissent du mal des ieuz[1] [F° 82 b] et de moult de plaies. Autres fontainnes sont qui rendent a houme[2] sont[3] memoire ; autres, obliance[4] ; autres qui refraingnent luxure, et autres qui l’engraingnent. Autres sont qui font enfanz porter as fames[5] qui nul n’en ont ; et autres qui les font brehaingnes, si qu’il[6] n’en pueent[7] nul porter.

Si sont fluns qui font les berbiz[8] noires ; et autres qui les font autresi[9] blanches comme lis. Si sont moult d’estans ou nulle riens qui soit [F° 82 c] ne peut[10] noer, ne homme, ne chien, ne autre beste, que tantost ne s’en aille au[11] fonz. Et autres sont ou nulle riens ne peut[12] affonder, ainz flote toz[13] jourz par desus.

Si sont unes autres fontainnes chaudes qui font aweugler[14] les larrons quant il se parjurent du meffait[15] qu’il ont fait de leur larrecin. Et se l’en li[16] met sus sanz raison, et il en boit, si voit mieux[17] que devant. De tels choses ne puet l’en[18] rendre raison, fors que nous devons entendre [F° 82 d] que ce est par miracle.

Si a fontainnes qui sont coies et cleres ; que, quant l’en fait desus li aucuns sons[19] de viele ou d’aucun estrument qui resonne en maniere de joie, si saut a granz[20] boillons et s’espant aval la voie. Autres fontainnes sont aillieurs[21] qui son[22][* 1]moult perilleuses. Mais nous nous en tairons ore atant.
Si dirons de ce qu’il avient par l’yaue qui tient son cors[23] par dedenz la terre et par desus. Dont il avient souvent si [F° 83 a] grant crollement [24] que la terre s’esmuet si fort qu’il couvient cheoir ce qui[25] est desus, ja ne sera si fort tour[* 2].

  1. — B : ieulz.
  2. — B : homme.
  3. — B : son memoire (« sont » : cf. note p. 89).
  4. — B : oubliance.
  5. — B : femmes.
  6. — B : « qil » = qu’il. (Sur « il » nom. pl. fem. cf. nots p. 83 et 116).
  7. — B : puent.
  8. — B : brebiz.
  9. — B : ausi.
  10. — B : puet.
  11. — B : as.
  12. — B : puet.
  13. — B : touz.
  14. — B : avveugler.
  15. — B : mesfait.
  16. — A : il
  17. — B : miex.
  18. — A : le ; « en » manque.
  19. — B : sonz.
  20. — B : grant.
  21. — B : ailleurs.
  22. — B : qui sont.
  23. — B : cours.
  24. — B : croillement.
  25. — B : que.
  1. * « son » : cf. note p. 80. Ce cas n’est pas isolé et se retrouve f° 113 c. Il est confirmé par d’autres textes : Aliscans (Guessard, Paris, 1870) v. 396 « A la fontaine dont li rui son corant ». Passion du Christ (Bartsch) v. 20 « Vers nostre don son aproismad ». Chevalier du Papegau (Halle 1897) 57. 2 « et son entrés en une marche ».
  2. * « ja ne... tour » : même si c’était une tour de quelque force qu’elle fût.


xii[a].
Comment la terre crolle[1] et fent.

Ore entendez donques du mouvement, que ce est, et comment la terre crolle[2] et fent, que aucunes genz apelent[3] « crolle », pour ce qu’il sentent

  1. — B : croille.
  2. — B : croille.
  3. — B : apele.
  1. [F° 83 a83 d = Vers 3684-3725.]