sanz piler et sanz fondemant[1], seulement par sa nature. Et pour ce est
fols[2] qui se merveille de chose que Diex face. Car nus n’a pooir de moustrer
raison pour quoi[3] eles sont ou non. Car il n’est nulle[4] chose si petite
dont l’en[5] puisse savoir la glose vraiment[6], comment ele est, fors tant
comme il plaist a Nostre Seingneur.
[F° 76 a] Par clergie peut l’en bien savoir et entendre raison d’aucune
chose ; et par nature, si que raisons[7] n’i set que reprendre, tant
comme nus hons en puisse enquerre, qui oevre en terre par nature[* 1]. Mais
nus si ne porroit savoir pour quoi[8] ne comment eles sont faites, et[9] ne
porroit nus savoir certainement[10], fors Diex qui la raison en set et entent.
- ↑ * « Par clergie... terre par nature » : On peut comprendre et savoir la raison des choses par la science ; et (là où) l’on ne saurait en expliquer les raisons, quelles que soient les recherches de l’homme qui ne travaille sur cette terre qu’à l’aide de la nature, (on les comprend) par la nature.
Nous vous avons devisée la terre par dehors au mieulz[1] que [F° 76 b] nous poons. Or nous couvient[2] enquerre après quels lieus il a par dedenz la terre, se ce est[3] enfer ou paradis, et la quele chose vaut mieux[4] et la quele pis.
Cil lieus qui est enfermez en terre, je di que ce est[5] enfer. Car enfer ne porroit pas estre en l’air, n’en si noble lieu n’en ciel n’est il pas ; car trop est li lieus purs et nez. Et enfers[6] est laiz et oscurs, et plus pesant[7] que riens qui soit ; par quoi l’en puet bien entendre que il a fait son estre [F° 76 c] el plus bas lieu de la terre. Car en haut ne porroit il pas estre. Car il est contraires a paradis qui est el ciel lasus. Et pour ce s’est il trait ensus de lui, au plus qu’il peut[8]. Et est el milieu de la terre.
Je ne di pas qu’enfer ne soit aillieurs, quele part que ce soit. Car, après la mort, partout a painne et mal qui l’a deservi. Neïs s’il estoit mis desus le ciel, si avroit il enquore pis assez. Si comme il seroit d’aucun homme qui [F° 76 d] seroit en grant maladie, et se devroit mourir[9], et l’en le metoit en ·i· biau lieu, ou il eüst joie et soulaz ; tant seroit il plus tristres
- ↑ — B : miex.
- ↑ — A : couịvient ; B : convient. Le scribe de A écrit « couivient », le point sous l’i dénotant la suppression de la lettre. C’est le signe employé par le copiste dans ce but. Cf. f° 89 a n.
- ↑ — B : ce cest est.
- ↑ — B : miex.
- ↑ — B : c’est.
- ↑ — B : enfer.
- ↑ — B : pesanz.
- ↑ — B : puet.
- ↑ — B : morir.