puis si toute destruite et derompue, si comme Diex le voult, qui la fondi pour les pechez[1] des genz qui y habitoient. Et est la mer Betée la endroit[a].
Une autre ylle i est que[2] l’en ne puet veoir quant l’en i veult aler. Et aucune foiz la voit l’en, et[3] l’apele l’en l’ylle[4] perdue. Cele ylle[5] trouva saint Brandins qui vit dedenz maintes merveilles[6], si comme sa vie le devise[b]. Et qui le voudra savoir, si lise dedenz.
[F° 70 a] Par de ça ra mainte bonne ylle[7] : cele de Chipre y[8] est, et cele de Sezille[9], et autres assez qui sont par la mer[10], qu’il[11] ne couvient pas nommer ci endroit.
Si ne vous[12] merveilliez mie d’aucunes choses que vous avez oÿes, qui vous[13] samblent moult sauvages[14] et moult diverses. Car Diex, en cui[15] tuit li bien sont, a fait en terre[16] maintes merveilles dont l’en ne set enquerre raison. Et pour ce ne devons nous mescroire riens [F° 70 b] tant que l’en sache s’ele est voire ou fausse. Ce n’est pas maus[17] se li hons mescroit aucunes[18] foiz[19] choses[20] dont il ne sache la verité, mais que ce ne soit encontre la foi. Car bonne chose est a l’omme[21] entendre a ce qu’il puisse aprendre et savoir aucune chose dont il ne soit pas esbahiz quant il en orra parler, et dont il sache a[22] dire la verité. Car tout ausi comme il vous samble que ce est granz[23] merveilles que je vous conte ci, ausi resamble il a ceuls de [F° 70 c] la que les choses de ça sont moult diverses ; et moult s’en merveillent pour ce qu’il en ont poi[24] veü. Si ne se doit pas li hons merveillier se il ot a la foiz aucune chose ou il ne puisse entendre raison. Car touz jourz[25] doit li hons aprendre. Car il n’est nus[26] qui tout puisse savoir, fors Diex qui tout voit et tout set.
Li jaiant[27], qui sont en aucuns lieus ont moult grant merveille de nous, de ce que nous soumes si petit[28] envers euls. [F° 70 d] Ausi comme il nous samble de ceuls qui sont la moitié plus petit[29] de nous, si comme l’en nous[30] dit. Ce sont li pigmain qui n’ont que ·iii· piez de lonc. Ausi se merveillent il de ce que nous soumes si grant[31], et nous tiennent aussi pour jaianz[32]. Cil qui n’ont que ·i· œill et ·i· pié se merveillent moult de ce que
- ↑ — B : pechiez.
- ↑ — B : ysle y a que.
- ↑ — B : en.
- ↑ — B : ysle.
- ↑ — B : ysle.
- ↑ — B Brandains qui maintes merveilles vit dedenz.
- ↑ — B : ysle.
- ↑ — B : Chypre i.
- ↑ — B Sezile.
- ↑ — B : « qui sont par la mer » manque.
- ↑ — B : qui.
- ↑ — A : vons.
- ↑ — B « vous » manque.
- ↑ — B : sauvages a vous.
- ↑ — B : qui.
- ↑ — B : terres.
- ↑ — B : fausse ou voire. Ce ne pas mauls.
- ↑ — B : m’escroist aucune.
- ↑ — B : « foiz » manque.
- ↑ — B : chose.
- ↑ — B : l’oume.
- ↑ — B : « a » manque.
- ↑ — B : grans.
- ↑ — B : pou.
- ↑ — B : jours.
- ↑ — A : il n’est mis ; B : il n’est nus ; C : car y n’est nulz.
- ↑ — B : jaans.
- ↑ — B : sommes si petiz.
- ↑ — B : petiz.
- ↑ — B : l’en le nous.
- ↑ — B : granz.
- ↑ — B : jaans.
- ↑ « Une autre ylle... la endroit. » Platon, Critias 113 e ; Timée 25 a ; Honorius Aug. I. 36 (mer Betée = Concretum Mare). V. Introduction p. 43.
- ↑ « Une autre ylle i est... le devise. » Gervaise de T. t. I, p. 919. II. 11 ; Honorius
Aug. I. 36. V. Introduction p. 43.
Le reste de ce chapitre est plus ou moins une traduction de Jacques de V. 92.