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Une autre beste converse et repaire cele part, qui est de diverses coleurs[1] par taches blanches et noires et verz[2] [F° 56 a] et yndes et jaunes, ausi comme s’ele feust[3] painte. Et est cointe et gente ; et est apelée panthere[a]. Et naist si grant douceur de se bouche quant ele alaine[4], que les bestes vont après li pour la douceur qui ist de son cors, fors le serpent a cui cele douceur grieve si qu’il en meurt sovent[b][5]. Et quant cele beste est[6] aucune foiz saoulée de sa venoison qu’ele a trouvée, si se dort[7] ·iii· jours touz entiers. Et quant ele s’esveille, [F° 56 b] si[8] rent une odeur si[9] douce, qui ist de sa bouche hors, que les bestes y courent[10] tantost comme il la sentent[c].

Cele beste n’a c’une foiz[11] faons. Et quant ele doit faonner, si a tele destrece[12] et tele angoisse qu’ele ront et despiece ses marriz[13] as ongles, tant que les faons en sont hors. Mais jamais[14] n’avront plus de faons quant eles sont ainsi[15] descirées[d].

Si y a une maniere de jumanz qui conçoivent du vent, et sont en une contrée qui a [F° 56 c] non Capadoce. Mais il[16][* 1] ne durent que ·iii· anz[e].

Cele part sont li olyfant, unes bestes qui sont granz et forz[17] et conbatanz. Et quant[18] l’en leur moustre le sanc devant euls, si en sont plus courageus et plus forz et s’enbatent[19] en touz lieus et en toutes batailles[f]. Seur ces olyfanz se souloient[20] combatre les genz d’Ynde et de[21] Perse. Car ·i·[22] porte bien une grant tour de fust, plainne de gent armée, quant ele est bien fermée desus son dos[g]. Si ont ·i· [F° 56 d] bouel par devant, grant et large, dont il menjuent[23]. Et en prennent bien ·i· houme et deveurent en poi d’eure[h].

Les genz Alixandre qui fu rois et bons clers de grant maniere, qui s’en

  1. — B : couleurs.
  2. — B : vers.
  3. — B : se ele fust.
  4. — B : alaigne.
  5. — B : souvent.
  6. — B : s’est.
  7. — B : s’en dort.
  8. — A : li.
  9. — B : si rent une si grant odeur et si...
  10. — B : acorent.
  11. — B : c’une seule foiz.
  12. — B : destresce.
  13. — B : despice ses meriz.
  14. — B : jamès.
  15. — B : ainsi si.
  16. — B : eles.
  17. — B : fors.
  18. — B : « quant » manque.
  19. — B : et plus fiers et plus fors et s’embatent.
  20. — B : olyfans se soloient.
  21. — B : combatre cil d’Ynde et cil de...
  22. — B : il.
  23. — B : « dont il menjuent » manque.
  1. * Les autres ms. donnent eles, et non pas il comme aux fol. 30 a et 32 a.

    « Il » nom pl. fem. est confirmé par d’autres textes : cf. Suchier, Reimpredigt (Halle, 1879), p. XLIII ; Burguy I. 128.

  1. « Une autre beste... panthere. » Solin 17 ; Isidore, Etym. XII. 2, 8 ; Jacques de Vitry 88 ; Neckam II. 133.
  2. « Et naist... meurt sovent. » Solin 17 ; Jacques de Vitry 88 ; Neckam II. 133.
  3. « Et quant cele... la sentent. » Jacques de Vitry 88 ; Neckam II. 133.
  4. « Cele beste... descirées. » Isidore, Etym. XII. 28 ; Jacques de Vitry 88 ; Neckam II. 133.
  5. « Si y a une maniere... que ·iii· anz. » Honorius Aug. I. 19 ; Solin 45 ; Jacques de Vitry 88 ; Neckam II. 158.
  6. « Cele part... batailles. » Solin 25 ; Isidore, Etym. XII. 2. 14 ; Neckam I. 143, 144, 145, II. 9, 48 ; Jacques de Vitry 88.
  7. « Seur ces olyfanz... desus son dos. » Solin 25 ; Isidore XII. 2. 15 ; Neckam I. 143-145 ; II. 9, 48 ; Jacques de Vitry 88.
  8. « Si ont ·i· bouel... poi d’eure. » Neckam I. 143-145 ; II. 9, 48 ; Jacques de Vitry 88.