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HISTOIRE DU MOYEN-ÂGE

l’extermination de leurs ennemis qui furent égorgés par milliers. Quatre-vingt-dix émyrs de la famille vaincue, invités à un festin de réconciliation, furent battus de verges jusqu’à l’agonie et massacrés. Aboul-Abàs, surnommé Al-Sséfah, le sanguinaire, commença ainsi la lignée des khalyfes abâsydes. Il eut pour successeur son frère Al-Manssoùr, l’invincible, qui fonda sur le Tigre, non loin des ruines de Ctésiphon, la célèbre ville de Bagdad, nouvelle capitale du khalyfat oriental.

Cependant un jeune homme de vingt ans, descendant de Merwan Ier, nommé Abd-al-Rahhman ben-Ma’ouyah, avait échappé seul à l’égorgement des Ommyades. D’abord caché en Égypte, puis chez les Bédouins de Barqâh, il se réfugia enfin au milieu de la tribu des Zénètes à laquelle il tenait par sa mère. C’est là que trois sheïks de Cordoue vinrent lui offrir la souveraineté de l’Espagne où la maison syrienne d’Ommyad avait conservé de nombreux partisans. En effet, les armées qui avaient occupé la nouvelle conquête étaient composées en grande partie de Syriens, d’Égyptiens, de Berbers dont les mœurs et les prédilections différaient sensiblement de celles des Arabes purs.

Abd-al-Rahhman accepta ses nouvelles destinées. Il passa le détroit et vint débarquer à Almuñecar, à la tête d’un millier de cavaliers de la tribu qui lui avait donné asile. Il fut accueilli au milieu d’acclamations unanimes. Son escorte devint bientôt une armée puissante. Alméria, Malaga, Xérès et Séville lui ouvrirent leurs portes et le reçurent en triomphe. L’émyr Youzouf-al-Fehry, qui assiégeait alors Sarragosse, s’avança avec toutes les forces qu’il put réunir ; Abd-al-Rahhman vint à sa rencontre et le battit malgré l’extrême disproportion du nombre. Youzouf s’enfuit en Portugal, et Cordoue se rendit au vainqueur (754). Mais les épreuves du nouveau khalyfe d’Occident n’étaient pas terminées. Il livra un grand nombre de batailles et lutta jusqu’en 772. À cette époque, des bandes considérables d’Africains, commandées par un jeune Wali qui prétendait