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HISTOIRE DU MOYEN-ÂGE

décisive à Vincy, près de Cambrai (717). Eudes, duc d’Aquitaine, ayant pris les armes pour la même cause, fut battu près de Soissons. Il obtint la paix en livrant Hilpérik II, qui mourut bientôt au palais d’Attigny (719). Reconnu pour maire de Neustrie et d’Austrasie, le prince des Franks tira de l’abbaye de Chelles un moine qu’il présenta comme un fils de Daghobert III et qu’il couronna sous le nom de Thierry IV. Il se remit alors en campagne contre les peuples tributaires qui tentaient de secouer le joug. Les Frisons, les Bavarois, les Alamans, les Saxons furent vaincus à plusieurs reprises (720-729) ; les seigneurs Burgundes rentrèrent dans l’obéissance, ainsi que ceux de Provence, et les ducs d’Aquitaine furent contraints de se soumettre.

Ces luttes incessantes favorisaient les desseins des conquérants d’Espagne. Depuis Mouza, Abd-El-Aziz, son fils, puis Ayoub, Alhaour, Alsamah qui assiégea Toulouse et fut battu par Eudes, duc d’Aquitaine, en 721, Alhaytsam, s’étaient succédé dans le commandement. Enfin Abd-al-Rahhman (Abdérame) fut choisi pour remplacer Alhaytsam, cruel et avare, que le khalyfe déposa et fit promener sur un âne, la tête rasée, dans les villes qu’il avait pillées et tyrannisées. Abd-al-Rahhman fit venir des troupes d’Afrique et se disposa à tenter une grande entreprise dans les Gaules. Il franchit les Pyrénées, s’avança par la Gaule Narbonnaise, suivit le Rhône, prit Lyon, Dijon et toute la Bourgogne jusqu’aux frontières d’Alsace, revint en Aquitaine et prit Toulouse et Bordeaux. Ayant battu les chrétiens dans toutes les rencontres, il passa la Garonne, enleva Poitiers, s’avança jusqu’à la Loire et assiégea Tours dont la riche abbaye l’attirait, lorsque Karl accourut avec ses Austrasiens. Il rencontra les Arabes sur les bords du fleuve, auprès de la ville, et la bataille s’engagea. Elle fut longtemps indécise et horriblement meurtrière. Les Musulmans, embarrassés d’immenses dépouilles, ne purent développer leurs masses de cavalerie qui, d’ordinaire, leur assuraient la victoire. Ils furent rompus et dispersés (732). Karl poursuivit jusqu’à Narbonne les débris de l’armée