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HISTOIRE DU MOYEN-ÂGE

vint à armer ses deux petits-fils l’un contre l’autre (605). Cette guerre fratricide se termina par les deux sanglantes batailles de Toul et de Tolbiac ; Théodebert fut vaincu. Le roi d’Austrasie ayant été amené à son frère, celui-ci le fit décapiter à Châlons. Thierry se trouva ainsi en possession de tous les États de Guntran et de Hildebert (612). Il se disposait à traiter son cousin comme son frère, lorsqu’il mourut tout à coup. Ce fut en vain que Brunehilde voulut faire reconnaître Sighebert, un des quatre fils naturels de Thierry II. Plutôt que de retomber sous la tyrannie de la vieille rivale de Frédégunde, les chefs de la faction aristocratique se tournèrent secrètement vers Khlother II. Warnnakhar, maire de Bourgogne, et Peppin de Lauden, maire d’Austrasie, se laissèrent battre, sur les bords de l’Aisne, par l’armée neustrienne. Les quatre fils de Thierry furent égorgés, et Brunehilde, âgée de quatre-vingts ans, tomba aux mains du fils de Frédégunde. Après trois jours de torture, elle fut promenée sur un chameau à travers le camp et livrée aux insultes des soldats ; puis, on l’attacha par les cheveux, par un pied et par un bras, à la queue d’un cheval sauvage qui mit son corps en lambeaux (613). Ainsi mourut Brunehilde, fille, sœur, mère et aïeule de rois. On l’accusa de beaucoup de crimes qu’elle n’avait pas commis, et ce qui reste avéré parmi ses nombreux forfaits ne passe pas la mesure des princes mérovingiens. Ceux qui la condamnèrent n’étaient pas moins féroces qu’elle et n’avaient ni son courage, ni ses talents, ni la hauteur de son caractère.

Toute la nation franke se trouva de nouveau réunie sous Khlother II, roi de Neustrie. L’aristocratie, toutefois, dont il n’avait été que l’instrument, se hâta de faire consacrer sa victoire par la Constitution perpétuelle, décrétée dans une assemblée à laquelle on donna le nom de Concile de Paris, à cause de la présence de soixante-dix-neuf évêques (614). Les églises et les Leudes obtinrent l’abolition des impôts essayés par les rois franks, la restitution des biens qui leur avaient été enlevés, et la confirmation irrévocable des concessions