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SEPTIÈME SIÈCLE

musulmans impies, des apostats, des chrétiens, des juifs, des mages, des idolâtres, des hypocrites de toutes les religions. L’ange Gabriel pèse les actions des morts dans une balance assez vaste pour contenir le ciel et la terre. Les ressuscités sont conduits vers le pont Al-Sirat, plus étroit qu’un cheveu, plus effilé que le tranchant d’une épée, au-dessous duquel se déroulent les gouffres infernaux, où sont précipités les coupables qui ne peuvent franchir ce pont. Quant aux fidèles, ils traversent cet abîme en se jouant et vont s’installer au septième ciel. Là, ils trouvent des jardins féeriques, des lits incrustés d’or et de pierreries, des vins et des mets exquis, des houris aux yeux étoilés et au teint d’opale, des amours éternelles et une jeunesse sans fin, car la vieillesse et la laideur ne doivent pas attrister les élus. Cependant, au-dessus de ce paradis sensuel, Mohammed plaçait les joies purement spirituelles : « Le plus favorisé de Dieu, dit-il, sera celui qui verra sa face soir et matin, félicité qui surpassera tous les plaisirs des sens, comme l’Océan l’emporte sur une perle de rosée. »

Tout en proclamant l’équitable dispensation des peines et des récompenses dans la vie future, le Koran accepte la doctrine de la fatalité ou prédestination qui, enchaînant la volonté de l’homme, détruit nécessairement le mérite et le démérite des actions humaines. La croyance que les créatures sont prédestinées de toute éternité au bien ou au mal était si profondément établie dans l’Orient que, loin de chercher à la combattre, Mohammed en fit un puissant auxiliaire de l’esprit de conquête. « Dieu est vivant et vous regarde, combattez ; le Paradis est devant vous et l’Enfer derrière. » Ces harangues enflammées donnent le secret de bien des victoires.

Les pratiques religieuses autant que la foi sont nécessaires au salut d’un musulman ; la prière, le jeune, l’aumône. Tout fidèle doit prier cinq fois par jour, les yeux tournés vers la Mekke. Le vendredi est le jour de la prière publique dans les mosquées à laquelle le muezzin invite les croyants, du haut d’un minaret. Pendant le mois de Rhamadan, il faut s’abstenir, depuis le lever