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HISTOIRE DU MOYEN-ÂGE

qui prit le nom de guerre des nations ou du fossé. Le vainqueur fit signer aux vaincus une trêve de dix ans, qui accordait aux Islamites la liberté de visiter le temple de la Kaaba (627). Puis, Mohammed attaqua les Juifs de Khaïbar et emporta d’assaut cette ville dont les habitants furent massacrés (628). Il adressa ensuite à tous les souverains orientaux la sommation d’embrasser la religion dont il était l’apôtre. Le roi Khosrou ayant déchiré ses lettres : « Qu’ainsi son royaume soit lacéré ! » dit le Prophète. L’empereur Héraclius lui répondit par des présents ; le gouverneur de la Haute-Égypte, Mokawkas, lui envoya une belle esclave ; le roi d’Éthiopie se convertit. Pourtant un magistrat romain de Syrie mit à mort un de ses ambassadeurs. Zeïd reçut la mission de venger cet outrage. Il partit avec trois mille Arabes et se fit tuer à la bataille de Muta, après avoir défait, dit-on, une armée romaine de trente mille hommes. C’est dans cette guerre que Djafar, fils d’Abou-Taleb, ayant eu les deux mains coupées, serra avec ses bras mutilés l’étendard de l’Islamisme, et reçut par devant cinquante-deux blessures (629).

La trêve qui avait suspendu les hostilités entre les deux cités rivales de l’Hedjaz, ayant été violée par les Koréischites, Mohammed marcha sur la Mekke avec dix mille hommes. La ville fut emportée, et les trois cent soixante idoles de la Kaaba tombèrent à ce cri du Prophète : « La vérité est venue ; que le mensonge disparaisse ! » Tous les Koréischites, Abou-Sophian lui-même, confessèrent la foi Islamite. Une dernière victoire, remportée à Honaïn sur les tribus idolâtres, décida le triomphe de la nouvelle doctrine. L’Arabie entière se soumit à l’autorité de Mohammed, et l’année des Ambassades, fameuse dans la chronologie musulmane, conserva le souvenir de la conversion des Émyrs, derniers princes de l’Yémen (630).

En l’an 10 de l’Hégire, suivi de cent quatorze mille musulmans, Mohammed se rendit à la Mekke pour y accomplir le grand pèlerinage El-Haddj. Les cérémonies accomplies à cette occasion demeurèrent la règle des