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SEPTIÈME SIÈCLE

esclave et cinq chameaux furent l’héritage de l’orphelin qui grandit sous la tutelle de son oncle Abou-Taleb. À quatorze ans il s’enrôla dans une de ces caravanes armées qui faisaient le commerce et la guerre sur les frontières de Syrie. Dans un de ces voyages, il se lia avec un moine de Bostra et un rabbin juif qui lui firent sans doute connaître leurs livres sacrés, l’Ancien et le Nouveau Testament. Il prit vaillamment part à la guerre des Koréischites contre la tribu d’Hawazin, guerre surnommée l’impie, parce qu’elle avait eu lieu dans l’un des quatre mois consacrés. À vingt-cinq ans, Mohammed entra au service de la veuve d’un riche marchand, nommée Khadidjah ; elle conçut pour lui une affection si vive qu’elle voulut l’épouser, malgré le désaveu formel de son père. De ce mariage naquirent plusieurs enfants qui tous moururent en bas âge, à l’exception de Fatime : elle deviendra l’épouse d’Ali, cousin du Prophète et fils d’Abou-Taleb. Ce changement de fortune permit à Mohammed de se livrer exclusivement à ses méditations religieuses. Il vivait dans la solitude et passait le saint mois de Rhamadan au fond d’une caverne de la montagne de Hira. C’est à quarante ans qu’il eut sa première vision : Gabriel lui apparut et lui ordonna de répandre ses enseignements divins. Les révélations se succédèrent alors sans interruption, suivies d’états extatiques auxquels il était sujet depuis son enfance et le convainquirent de sa vocation prophétique. Quant à la nature de ces communications surnaturelles, Mohammed s’en explique ainsi : « Un ange m’apparaît sous forme humaine et converse avec moi. Souvent j’entends des sons semblables à ceux d’une coquille ou d’une cloche, et alors je souffre beaucoup. Puis, quand l’ange me quitte, je recueille ce qu’il vient de me révéler. » En outre, une tradition rapporte qu’au moment des apparitions, malgré les froids les plus vifs, le Prophète avait le front inondé de sueur, les yeux injectés de sang, et, quelquefois même, beuglait comme un jeune chameau. C’était pendant ces crises que se produisaient ses hallucinations pieuses (611).