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SEPTIÈME SIÈCLE

la Syrie et se fixa sur les bords du fleuve Ghassan où elle constitua l’état des Ghassanides. Quand les Romains vinrent plus tard se heurter aux frontières de l’Arabie, surtout sous Trajan, les Arabes, divisés, ne purent leur résister partout avec succès. Bien que leur pays n’ait jamais été formellement érigé en province romaine, plusieurs de leurs princes du Nord se trouvèrent cependant placés sous l’autorité des empereurs et furent considérés comme gouvernant en leur nom. L’affaiblissement de l’Empire romain provoqua chez eux le réveil de l’esprit de liberté. Le plateau central (Nedjed) devint alors le théâtre de ces combats chevaleresques tant célébrés par leurs poëmes ; car, de temps immémorial, chez ce peuple à la fois ardent et mélancolique, une vie de privations et de dangers, dans des déserts de sable et sur des roches arides, avait produit une poésie mâle et sauvage, pleine d’images et de sentences. À l’époque de la grande foire qui se tenait à la Mekke et à Okadh, vers le ve siècle, il y avait des concours poétiques, et les poëmes couronnés étaient transcrits en lettres d’or sur du byssus et suspendus dans la Kaaba. On les nommait modsabhabât, c’est-à-dire dorés. La collection qu’on en possède comprend sept poëmes : l’un d’eux a pour auteur le célèbre Antar qui mourut en 615.

Le culte des idoles était la plus ancienne religion du pays, et y dominait déjà lorsque les mages de la Perse y apportèrent le sabéisme de Zoroastre, mêlant le culte du soleil et des étoiles aux superstitions indigènes. Plus tard, les Juifs, après la destruction de Jérusalem, se répandirent en Arabie, et leurs colonies marchandes vinrent même s’établir sur les côtes de l’Hedjaz et de l’Yémen. Le christianisme y trouva promptement de nombreux partisans. Sous Valens, les Ghassanides s’étaient laissé convertir par les solitaires du désert de Syrie. On comptait même plusieurs évêques placés sous l’autorité métropolitaine du siége de Bostra, en Palestine. Non loin de l’Euphrate, la ville d’Elhira, dont le prince avait reçu le baptême, possédait déjà de nombreux couvents d’Arabes chrétiens. Ainsi quatre religions ré-