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SIXIÈME SIÈCLE

suivantes : Le Code, recueil en douze livres, de constitutions ou édits impériaux, publié en 528 et complété en 534 ; les Institutes, réduction en principes élémentaires du système de la jurisprudence romaine (533) ; les Pandectes ou Digeste, compilation prodigieuse de tous les travaux antérieurs de législation, divisée en cinquante livres ; les Novelles ou Authentiques, recueil de lois rendues depuis la publication du Code (534-565). Ces œuvres de droit furent composées ou recueillies dans l’intérêt du pouvoir absolu ; la puissance législative fut attribuée à l’Empereur, bien qu’on reconnût l’égalité des citoyens devant la loi, caractère commun aux législations des peuples libres et des gouvernements absolus. En somme, des guerres entreprises par cet empereur il n’est rien resté ; de son architecture subsistent quelques monuments ; mais ses lois ont régi le monde et forment encore la base des législations européennes.

Justin II, neveu de Justinien, succéda à son oncle, mort sans enfants. À l’instigation de sa femme, l’impératrice Sophie, le nouvel empereur s’empressa de remettre au peuple les impôts arriérés, paya les dettes de son prédécesseur et rappela les évêques exilés ; car Justinien, longtemps orthodoxe, avait fini par tomber dans l’hérésie des Incorruptibles. L’influence de l’impératrice ne tarda pas à s’exercer d’une autre façon. Un cousin de son mari lui ayant déplu, elle mit tous ses soins à obtenir l’assassinat de ce jeune homme. Justin hésita, puis céda (566). Toujours prête à s’immiscer dans les affaires d’État, Sophie appuya les plaintes de toute l’Italie en proie, il est vrai, depuis treize ans à l’insatiable rapacité de Narsès. Le rappel de ce dernier fut résolu, et Longin fut envoyé pour le remplacer avec le titre d’Exarque. L’impératrice accentua la disgrâce de l’eunuque par renvoi d’une quenouille, d’un fuseau et d’une lettre contenant ces quelques mots : « Revenez sans délai ; je vous donne la surintendance des ouvrages de mes femmes ; c’est la place qui vous convient : il faut être homme pour avoir le droit de manier les armes et de gouverner des provinces. » Narsès outragé invita le roi des Lombards,