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SIXIÈME SIÈCLE

Dans le temps même où Narsès reprenait possession de l’Italie, les Goths d’Espagne se trouvaient entièrement livrés à des discordes intestines. Après la mort de Theudis, Athanagild, compétiteur d’Agila à la couronne, demanda l’appui de Justinien qui lui envoya une flotte commandée par le patrice Liberius. En récompense de ce service, le roi wisigoth céda à l’Empereur Valence et la Bétique orientale, de sorte qu’à ce moment on put croire, à Constantinople, avoir ressaisi la domination des deux bassins de la Méditerranée.

Les conquêtes de Justinien en Occident avaient alarmé le roi de Perse, Khosrou. À l’expiration de la trêve de 544, il s’était emparé de la forteresse de Petra et songeait à transplanter les inconstants Laziques, lorsque la défection de Gulaze, roi de Colchide, rendit sa position critique (548). Les légions impériales, sous les ordres de Dagisteus, remportèrent de nombreux succès à l’embouchure du Phase. Les Perses perdirent du terrain et durent se résoudre à abandonner la Colchide (555). Enfin des négociations amenèrent un traité qui rétablit les anciennes limites des deux empires. Justinien stipula la liberté de conscience en faveur des Chrétiens de la Perse, et s’engagea, sous cette condition, à payer au roi Khosrou un tribut de trois mille pièces d’or (562).

Pendant ce repos momentané de l’Orient, des hordes d’Avars, poursuivies par les Turks, arrivaient sur les côtes septentrionales de la mer Noire, sous la conduite de Baïan, demandant la permission de combattre les ennemis de l’Empire. Justinien se hâta d’accorder sa protection à ces alliés volontaires, croyant garantir ses frontières contre les Barbares des bords du Danube (558). Tout à coup, une invasion formidable eut lieu. Les Bulgares du Volga, établis récemment dans la Dacie, entraînant avec eux les Slaves, avaient passé le Danube sur la glace pour venir ravager la Thrace. Sous les ordres de Zaberghan, ils s’avancèrent jusqu’au delà du mur d’Anastase, menaçant la capitale. Bélisaire, toujours en faveur dans les instants de danger, se mit à la tête des gardes du palais et des habitants de la ville, ar-