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SIXIÈME SIÈCLE

Afin de complaire aux consubstantialistes que favorisait son neveu Justinien, Justin priva les ariens de leurs temples et les persécuta sans relâche. La faction des Bleus, dont l’héritier du trône encourageait les excès, remplit pendant trois ans la capitale de l’Empire de meurtres et de rapines. Justin Ier mourut le ier août 527, à soixante-dix-sept ans, léguant à son neveu les troubles sanglants du cirque et la guerre contre la Perse.

Justinien, comme son prédécesseur, était né dans une chaumière, en Thrace, ou en Illyrie. Adopté tout jeune par son oncle Justin, il fut successivement investi du consulat, du patriciat, du comitiat, du nobilissimat, et créé César, aux calendes d’avril 527. Quatre mois après, il régna seul, âgé de quarante-cinq ans. Avec lui monta sur le trône la comédienne Théodora qui avait habité le fameux portique de prostitution, l’Embolum, et qu’il avait épousée dans tout l’éclat de ses débordements. Lui-même n’avait hésité devant aucun moyen pour satisfaire son ambition. Passionné pour les querelles du cirque, il avait embrassé avec ardeur le parti des Bleus contre les Verts. On nommait ainsi deux factions rivales composées de conducteurs de chars qui avaient succédé aux gladiateurs et se disputaient le prix dans les jeux publics. La capitale elle-même s’était divisée entre les deux factions dont les conflits prirent peu à peu un caractère politique.

Malgré ces tristes origines, le règne de Justinien devait être remarquable par les guerres, les travaux d’architecture, les œuvres de législation ; mais jamais la grandeur d’une époque ne dut moins à sa moralité.

La première année du nouveau règne était à peine écoulée que les Perses ouvrirent les hostilités (528). Leur roi Khobad entra en Syrie et Bélisaire fut envoyé contre lui. Paysan thrace devenu soldat, puis officier, enfin général de l’Empereur, Bélisaire rendit à l’armée la discipline et le courage. N’ayant que vingt mille hommes à opposer au Sassanide, il sut l’arrêter par de savantes dispositions et le forcer à la retraite. Combattant lui-même à la tête des troupes, nul n’était meilleur soldat ni meil-