Page:Gosset - Histoire du Moyen-Âge, 1876.djvu/43

Cette page a été validée par deux contributeurs.
35
SIXIÈME SIÈCLE

inconnu le frappa d’un coup de couteau sous l’aisselle, et d’un second coup lui ouvrit le ventre. Le meurtrier disparut, et Hilpérik rendit l’âme. Cet assassinat fut imputé par les uns à Frédégunde, dont la liaison adultère avec le courtisan Landérik venait d’être révélée au roi ; d’autres n’y virent qu’un acte de vengeance de Brunehilde (584).

Gunthramn eut la tutelle de Khlother II, fils de Hilpérik et de Frédégunde. Sur ces entrefaites, un enfant naturel de Khlother Ier, retiré à Constantinople, Gondowald, avait été appelé et proclamé roi d’Aquitaine par les seigneurs du Midi, le duc Gunthramn-Boson, le duc de Toulouse et le patrice Mummolus, le vainqueur des Lombards expulsés de la Provence, de 572 à 576. Ce prétendant fut bientôt trahi par ses propres défenseurs. À peine cette tentative de révolte était-elle apaisée dans le Midi, qu’une sorte de coalition se forma dans le Nord contre la prépondérance des rois franks. Les leudes, les évêques d’Austrasie, appuyés sur les mécontents de Neustrie, s’entendirent pour restreindre les prétentions de la royauté qui, s’inspirant des traditions du gouvernement impérial, tendait à l’autocratie. Les rois franks, effrayés, sentirent la nécessité de suspendre leurs querelles personnelles, afin de maîtriser les exigences de leurs sujets. En 587, ils signèrent le traité d’Andelot par lequel ils se garantirent aide et protection mutuelles. Le roi de Burgundie, n’ayant pas d’enfants, institua héritier de ses possessions son neveu Hildebert II. Néanmoins, les leudes obtinrent l’entière propriété des bénéfices dont ils n’avaient eu jusqu’alors que la jouissance temporaire. Le droit même de transmission à leurs descendants leur fut concédé d’une manière générale ; de sorte que ce traité fut la base de l’hérédité des fiefs et le premier pas dans la voie qui aboutit au régime féodal.

Brunehilde parvint alors à raffermir son autorité. Remise en possession du douaire de Galswinthe qui comprenait les villes de Cahors, Bordeaux, Limoges et celles de Béarn et de Bigorre aujourd’hui détruites, elle ap-