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HISTOIRE DU MOYEN-ÂGE

gneurs d’Austrasie investirent un d’entre eux de l’autorité, pour le temps de la minorité du roi. C’est à ce moment qu’apparaît cette dignité de Maire du Palais, qui devait absorber si vite la royauté.

Cependant, Brunehilde, grâce à l’abandon de ses trésors, se vit traitée avec douceur par Hilpérik qui lui donna Rouen pour résidence. Comptant peu sur la durée de cette mansuétude, elle eut l’habileté de séduire le fils du roi, Mérowigh. Il en résulta bientôt un mariage que bénit l’évêque Pretextatus. La veuve de Sighebert profita de ces noces clandestines pour fuir et gagner l’Austrasie (576). Mais les seigneurs de ce pays ne la virent pas sans impatience revenir dans ses États pour gouverner au nom de son fils comme elle avait gouverné au nom de son époux. Ils se disposèrent donc à lutter contre elle pour la conservation de leur indépendance. Ses tentatives de restauration de l’administration impériale, ses faveurs prodiguées aux Gallo-Romains dont elle aimait à s’entourer au milieu d’un peuple encore sauvage, furent des motifs suffisants pour soulever les mécontents. Son pouvoir fut même si peu reconnu qu’elle ne put donner asile à son jeune mari, Mérowigh. Ce fils de Hilpérik, poursuivi avec fureur par son père, se donna la mort pour échapper à la vengeance de sa marâtre.

L’influence de Frédégunde sur le roi neustrien était devenue si absolue qu’elle lui fit sacrifier, les uns après les autres, tous les fils qu’il avait eus d’autres femmes. Quant à ses rivales et à ses ennemis, elle les traqua jusqu’à la mort. Hilpérik était pourtant un barbare lettré, amoureux de vers, de grammaire et de théologie. Il aimait la controverse et il proposa une explication de la Trinité, à laquelle les évêques refusèrent leur approbation. Après quelques petites guerres dans lesquelles il soutint la rébellion des nobles franks contre Brunehilde, le roi de Neustrie signa la paix avec Gunthramn. Il résida au château de Chelles, près de Paris, et se livra avec ardeur à sa passion pour la chasse. Il rentrait, un soir, et descendait de cheval, lorsqu’un