Si la défaite de l’Islamisme dans le midi de l’Europe était devenue inévitable, depuis le commencement du XVe siècle, le triomphe des musulmans d’Asie sur les chrétiens ne pouvait rester longtemps douteux. En demandant la protection du Mongol contre le Turk, l’empire d’Orient n’appelait en réalité qu’un autre envahisseur, plus barbare et non moins redoutable. Sans doute il espérait que l’effroyable conflit de ses ennemis donnerait le temps à l’Occident d’organiser une suprême croisade, et c’est pourquoi il avait invoqué l’appui du descendant de Djinghis-Khân. Timour le Boiteux était arrivé, traînant après lui huit cent mille Mongols, consacrant sur sa route, en souvenir de ses victoires, deux ou trois cent mille crânes d’hommes à l’érection de tours et d’obélisques immenses. Bajazet (Bayézid) mena contre lui quatre cent mille combattants, avec ses janissaires. Les Tatars et les Turks se heurtèrent, le 28 juillet 1402, dans les plaines d’Ancyre (Angora). Le vieux Timour et Bayézid combattirent tous deux au premier rang. Les Osmanlis furent vaincus et leur sultan, prisonnier, assista à l’incendie de Pruse, à la soumission de l’Asie-Mineure et à la chute de Smyrne. Bajazet traversa l’Asie dans une litière grillée et mourut au bout de neuf mois en Pisidie, sur la route de Samarkande, où Timour le conduisait pour célébrer son triomphe. Le conquérant Mongol fut lui-même saisi par la mort, au moment où il précipitait ses hordes contre la Chine. Son vaste empire, aussitôt morcelé, s’écroula rapidement.
L’un des fils de Bayézid, Mahommed Ier, eut à lutter dix ans contre ses frères Solyman et Moussa, et finit par rester seul maître de l’héritage paternel (1413). Il fut l’allié de l’empereur grec, Manuel II, dont il était le gendre, et il eut pour successeur son fils Amurath (Mourad II, 1421). Celui-ci se vit disputer le trône par un prétendu fils de Bayézid, nommé Mustapha, et soutenu par Constantinople. Vainqueur de ce prétendant, Mourad tourna ses armes contre l’empire d’Orient et attaqua d’abord les Vénitiens et les petits souverains qui se partageaient la Grèce. Il s’empara de Thessalonique en 1429