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QUINZIÈME SIÈCLE

du favori Alvaro de Luna ayant apaisé la rébellion des seigneurs de Castille (1453), le roi Jean II envoya une armée au secours d’A-ben-Ismayl qui vainquit son compétiteur. Le nouveau souverain de Grenade reprit les hostilités contre Henri IV, fils et successeur de Jean II (1454). Après la prise de Gibraltar par les Espagnols, il demanda la paix qui dura de 1463 à 1470. Pendant cette période de repos, les Cortès d’Avila prononcèrent la déchéance de Henri IV l’impuissant et donnèrent sa place à Isabelle, sa sœur (1465). Cette princesse épousa deux ans après l’héritier d’Aragon, Ferdinand. La mort de Henri de Castille en 1474 et celle de Jean II d’Aragon en 1479, réunirent ces deux royaumes entre les mains d’Isabelle et de Ferdinand, surnommés les rois catholiques. Cette réunion devait déterminer en peu de temps la chute de la domination musulmane en Espagne. La guerre entre les Espagnols et les Maures se ralluma violemment vers 1482, sous le règne d’Aboul-Hacem qui avait succédé en 1466 à A-ben-Ismayl. Les succès des rois catholiques furent encore favorisés par les discordes civiles qui portèrent au pouvoir deux princes rivaux, Al-Zagal, maître de l’Alhamrâ, et Al-Zaquir (A-bou Abd-Allah) que les chroniques chrétiennes appellent Boabdil, maître de l’Albaycin. Après un long siége, Ferdinand et Isabelle, suivis de toute leur armée, entrèrent triomphalement à Grenade le 6 janvier 1492. « Les rois catholiques allèrent prendre possession du palais de l’Alhamrâ, où fut arboré l’Étendard royal de Castille. C’est là qu’ils reçurent, peu de jours après, le génois Christophe Colomb qui allait, dans la même année, donner à l’Espagne un nouveau monde. On dit que les Espagnols luttèrent huit cents ans contre les Maures ; il faudrait dire que les Maures luttèrent huit cents ans contre les Espagnols. Les Arabes avaient fait la conquête de l’Espagne en deux années ; il fallut huit siècles pour la leur reprendre[1]. »

  1. Louis Viardot.