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QUINZIÈME SIÈCLE

de là à Florence. Les évêques refusèrent en général d’accepter ces translations, d’obéir à toute dissolution arbitraire, et, devant les menaces du pontife, ceux de Bâle le déposèrent, proclamant à sa place le duc de Savoie sous le nom de Félix V (1439). À la mort d’Eugène en 1447, on lui donna pour successeur Nicolas V, et le nouveau schisme ne cessa que par l’abdication de Félix à la fin de 1448.

Cette même année fut rompue complétement la fameuse Union de Calmar, déjà fort ébranlée sous Éric le Poméranien, depuis 1412, époque de la mort de la reine Marguerite. La Norwége et le Danemark, demeurés unis, prirent pour roi Christian Ier d’Oldenbourg, qui fut également choisi comme souverain, en 1459, par les États de Schleswig-Holstein. La Suède, détachée alors de l’Union scandinave, donna la couronne à Charles Canutson qui régna sous le nom de Charles VIII.

À la mort de Sigismond de Luxembourg (1438), le trône impérial échut à son gendre Albert d’Autriche et fut occupé par la maison d’Autriche jusqu’à la fin de l’Empire germanique en 1806. Le successeur d’Albert, tué en 1439, Frédéric III, de la branche de Styrie, fut le dernier empereur couronné à Rome (1452). Il fut sacré par le pape Nicolas V, dont le pouvoir était enfin reconnu par toute la chrétienté. Ce pontife sut déjouer un complot de restauration républicaine que tramaient quelques hommes exaltés par le souvenir d’Arnaldo de Brescia et de Cola de Rienzi. Le chef de ces conspirateurs encore épris de liberté, Stephano Porcaro, périt sur l’échafaud, et l’Italie rentra dans le silence de la servitude (1453). Les foudres du saint-siége ne réussirent pas en 1454 à intimider les Prussiens révoltés contre la domination de l’Ordre Teutonique. La puissance de ces chevaliers était fort ébranlée depuis la réunion de la Pologne et de la Lithuanie sous le sceptre de Jagellon. Vaincus en 1410 à la grande bataille de Tanneberg, ils durent abandonner peu à peu la Sudavie et la Samogitie (1436). Enfin, par le traité de Thorn (1466), la Pologne victorieuse réduisit l’Ordre Teutonique à la possession de la Prusse orientale.