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HISTOIRE DU MOYEN-ÂGE

ses capitaines, Charles VII daigna enfin quitter les jardins de Chinon et passa la Loire le 28 juin. Il prit la direction d’Auxerre, traversa Saint-Florentin, Châlons, Troyes qui se rendit au bout de deux jours, et arriva devant Reims dont les portes s’ouvrirent sans que le roi eût donné un seul coup de lance. Il fut sacré le 17 juillet, ayant auprès de lui la Pucelle, debout et tenant déployé au-dessus de lui son étendard blanc.

Après le sacre, Jeanne, jugeant sa mission accomplie, voulut retourner en Lorraine pour garder les troupeaux de son père. Ses compagnons d’armes insistèrent pour qu’elle restât, surtout le duc d’Alençon et le bâtard d’Orléans, Dunois. Elle céda, reparut dans les combats, prit part à l’attaque infructueuse de Paris et fut assez grièvement blessée, non loin de la porte Saint-Honoré, le 29 août. Avec un peu plus de persistance, Charles aurait pu dès ce jour rentrer dans sa capitale. Il préféra quitter l’armée avec son favori la Trémouille, pour recommencer la vie facile de Chinon. Beaucoup de grands seigneurs l’imitèrent, et Jeanne, dont le prestige s’était amoindri, n’eut bientôt plus autour d’elle que quelques bandes d’aventuriers qui la conduisirent à la défense de Compiègne assiégée par les Bourguignons. Dans une sortie vigoureuse à la tête de la garnison, elle fut lâchement abandonnée par les siens au delà d’une barrière et trouva refermées les portes de la ville. Elle tomba entre les mains du bâtard de Vendôme qui la vendit au sire de Luxembourg ; celui-ci la livra pour dix mille livres à la vengeance des Anglais. Le duc de Bedford, pour célébrer ce triomphe, ordonna de chanter un Te Deum, et se crut maître de la France. On transporta la prisonnière à Rouen dans une cage de fer, on l’emprisonna dans la grosse tour du château, et l’on commença son procès sous la direction de Pierre Cauchon, évêque de Beauvais. On la condamna à être brûlée vive comme sorcière et l’exécution de la sentence fut fixée au 31 mai 1431. Personne ne fit un effort pour la sauver, ni ses anciens compagnons de guerre, ni ce roi de Bourges qu’elle avait rendu victorieux. « Un bûcher