leur chef, reçurent le nom de Cabochiens. Ces hommes traquèrent et massacrèrent partout les gens du parti d’Armagnac, qui, de leur côté, se mirent à dévaster les environs de la capitale, Les bouchers, maîtres de Paris, forcèrent le Conseil du roi à rendre à leur ville ses anciens priviléges et obtinrent de l’Université l’ordonnance dite Cabochienne, qui opérait dans l’administration du royaume des réformes remarquables. Les Cabochiens furent enfin désavoués par la bourgeoisie, qui les chassa et donna le pouvoir aux Armagnacs (1413). Ceux-ci rejetèrent la capitale sous le joug le plus tyrannique et conduisirent le roi insensé contre le duc de Bourgogne qui fit sa soumission en signant la paix d’Arras (1414). Ce fut à la suite de ces événements que le roi d’Angleterre, ayant en vain réclamé l’exécution rigoureuse du traité de Brétigny, débarqua à l’embouchure de la Seine entre Honfleur et Harfleur. Après la prise de cette dernière ville, il conduisait vers Calais son armée très-affaiblie par une épidémie et réduite au plus à vingt mille combattants, lorsqu’il rencontra sur les bords de la rivière de Blangy les troupes françaises s’élevant à quatre-vingt mille hommes et occupant une position aussi défavorable qu’à Crécy. La bataille s’engagea près du village d’Azincourt, au milieu d’un champ argileux, nouvellement labouré, où les chevaux enfonçaient jusqu’à mi-jambe. Les deux premières lignes de l’armée française furent promptement enfoncées par les Anglais et la troisième prit la fuite sans combattre. Dix mille Français périrent dans cette journée, parmi lesquels huit mille gentilshommes, sept princes et cent vingt-cinq seigneurs portant bannière (1415). Ce désastre, dont on rejeta la responsabilité sur le gouvernement des Armagnacs, rouvrit aux Bourguignons les portes de Paris, que les bouchers inondèrent du sang de leurs ennemis (1418). Les Anglais poursuivirent leur marche victorieuse, conquirent toute la Normandie, et s’emparèrent de Rouen (1419). Le dauphin Charles, devenu chef du parti d’Orléans, feignit alors de désirer une réconciliation. Jean-sans-Peur consentit à une entrevue, se rendit
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QUINZIÈME SIÈCLE