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HISTOIRE DU MOYEN-ÂGE

lèbre, John Falstaff, devait être immortalisé par Shakspeare. Dès qu’il fut monté sur le trône, il réforma sa conduite, congédia ses anciens amis de taverne et garda les ministres de son père qui avaient énergiquement blâmé son existence déréglée. Il reçut à la cour et traita avec distinction le comte de March, héritier légitime de la couronne, réintégra les Percy dans leurs biens et dignités et combla d’honneurs le grand juge Robert Gascoigne qui, jadis, l’avait fait jeter en prison. Lorsqu’il eut ainsi gagné la sympathie publique, Henry V, suivant la recommandation de son père mourant, se décida à faire valoir ses droits à la couronne de France. La situation de ce pays garantissait le succès de la tentative.

La rivalité des deux partis qui convoitaient le pouvoir, pendant la démence de Charles VI, avait éclaté violemment à l’avénement du duc de Bourgogne, Jean-sans-Peur, fils de Philippe-le-Hardi (1404), venu de Flandre à Paris avec une armée. Le duc d’Orléans avait également rassemblé des troupes, et les deux compétiteurs allaient en venir aux mains quand on les réconcilia. Ils se jurèrent dans le conseil du roi une amitié inviolable, et, après avoir pris les épices et bu du vin, s’embrassèrent et communièrent ensemble. Avant la fin du troisième jour, le duc d’Orléans, en sortant de l’hôtel du roi, était assassiné par une troupe de sicaires aux gages du Bourguignon (1407). Jean-sans-Peur nia d’abord son crime, puis il s’en glorifia et choisit un docteur en Sorbonne, nommé Jean Petit, pour en faire l’apologie devant toute la cour. On fit approuver l’assassinat par le roi lui-même, et seule Valentine de Milan demanda, sans l’obtenir, justice du meurtre. Le nouveau duc, Charles d’Orléans, résolut de venger son père et trouva des alliés dans le Midi, en épousant la fille du comte Bernard d’Armagnac, qui devint le chef du parti (1410).

Plus puissant que jamais par la victoire de Hasbain sur les Liégeois révoltés, le duc de Bourgogne rentra dans Paris, qu’il domina et où il arma un corps d’élite de cinq cents bouchers écorcheurs qui, de Jean Caboche,