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QUATORZIÈME SIÈCLE

les états Slaves de la vallée du Danube, les vaillants peuples de la Bulgarie, de la Servie, de la Bosnie et de l’Albanie. Bien que battus, en 1363, sur les bords de la Maritza, ils continuèrent la lutte contre les envahisseurs. Amurath les harcela sans relâche, s’empara sur les Bulgares de la grande ville de Sophia, en 1382, et gagna enfin sur les Slaves coalisés la bataille décisive de Cassovie, qui lui coûta la vie (1389). Un Servien, Milosch Kobilovich, parvint jusqu’à lui et le tua d’un coup de poignard. Son successeur et son fils, Bajazet Ilderim (l’Éclair) recueillit les fruits de la victoire, soumit la Macédoine, la Bulgarie, la Valachie et acheva la conquête des dernières villes d’Asie-Mineure. En 1391, Manuel II Paléologue, qui servait d’otage à la Sublime-Porte, s’étant échappé pour succéder à son père Jean V, Bajazet alla mettre le siège devant Constantinople, et ne se retira qu’après avoir obtenu la construction d’une mosquée dans cette ville. Vainqueur à Nicopolis, en Bulgarie, des Croisés commandés par Sigismund de Hongrie, il ravagea la Thessalie, la Morée et remplit d’effroi les chrétiens d’Occident (1397).

L’empereur Manuel tenta un nouvel effort pour sauver sa couronne et vint lui-même, en 1400, à Paris et à Londres, mendier les secours des souverains occidentaux. De retour à Constantinople sans être parvenu à émouvoir l’Europe, il se décida à demander la protection d’un descendant de Djinghis-Khân, dont le nom remplissait déjà de terreur toute l’Asie.

Ce conquérant farouche, Timour-Lenk, c’est-à-dire Fer-le-Boiteux, vulgairement Tamerlan, était né vers 1336. Chef d’une peuplade Mongole établie à Samarkande, il avait profité du démembrement de l’empire de Djaggathaï (Turkestan) pour s’emparer de l’autorité suprême. Intrépide, intelligent et féroce, Timour renversa tous les obstacles qui gênaient sa domination et se fit promptement une réputation extraordinaire. Il conquit successivement le Kharism, le Kachgar, la Perse, toute l’Asie centrale jusqu’à la muraille de la Chine, et, en 1398, tout l’Hindou-Stân, depuis l’Indus jusqu’à l’embou-