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HISTOIRE DU MOYEN-ÂGE

milice des janissaires, infanterie redoutable qui se recruta surtout d’enfants chrétiens à qui on inculquait de bonne heure les principes fanatiques de l’Islamisme. Orkhân nomma un gouverneur ou pacha dans chacune de ses provinces et donna à l’entrée de son palais le nom de Sublime-Porte, qui servit ensuite à désigner son gouvernement. Il profita, pour s’agrandir, de la guerre civile qui continuait à ruiner l’empire de Constantinople, où la couronne venait d’être arrachée à Andronic II par son petit-fils Andronic III (1332). Celui-ci confia le soin d’arrêter les Turks à son général Jean Kantacuzène, à qui ses succès militaires valurent de nombreuses inimitiés.

À la mort d’Andronic III, l’impératrice montra au général une telle hostilité qu’elle ne lui laissa d’autre chance de salut que la révolte (1341). Kantacuzène chercha à assurer son usurpation en s’alliant avec Orkhân qui s’empressa de saisir cette occasion de s’implanter en Europe. Victorieux au bout de six années de combats, l’usurpateur, fatigué du pouvoir, se retira dans un monastère du Mont Athos, où il passa le reste de sa vie à écrire les annales de son temps. Il avait donné sa fille en mariage à Orkhân et vit le fils de ce dernier, Soliman (Suleyman) s’emparer par surprise de la ville de Tzympe et de l’importante place de Gallipoli, la clef de Constantinople, à la suite d’un tremblement de terre qui en renversa les murailles (1356). Les Turks se fortifièrent ainsi dans la Chersonèse, dominant le détroit des Dardanelles, sans éprouver de résistance de la part de l’Empereur Jean V Paléologue, dont le règne qui dura jusqu’en 1391 fut aussi long que malheureux. Orkhân, le premier Padichâh, était mort en 1360, précédé par Suleyman. Il eut pour successeur son second fils Amurath (Mourad Ier), qui en 1362 prit Andrinople et en fit, en Europe, le siége de l’empire des Osmanlis. Il perfectionna la milice des Janissaires et reçut le tribut de vassalité du faible empereur grec qui implorait en vain les secours des princes chrétiens.

Les progrès si rapides des Turkomans inquiétaient