étaient jetés dans la Seine avec cet écriteau : Laissez passer la justice du roi. Les assassinats juridiques datent du gouvernement des Valois : on marchait vers la monarchie absolue. »
Les dilapidations de la cour firent avorter, en 1386, les préparatifs ruineux d’une descente en Angleterre ; et une expédition dirigée en Allemagne contre le duc de Gueldre n’aboutit qu’à un accroissement de charges pour le pays. Pour calmer le mécontentement du peuple, le roi consentit à renvoyer ses oncles et déclara qu’il gouvernerait seul (1389). La réforme de quelques abus ne tarda pas à être suivie d’excès nouveaux. En 1391 le connétable de Clisson faillit être assassiné par Pierre de Craon qui se réfugia chez le duc de Bretagne. Celui-ci ayant refusé de livrer le meurtrier, Charles VI marcha contre le vassal rebelle et fut atteint, en traversant la forêt du Mans, d’une attaque de folie furieuse (1392).
La démence du roi livra le gouvernement aux plus déplorables intrigues de palais. Deux partis se disputèrent le pouvoir. Celui du duc d’Orléans, frère de Charles VI, et celui du duc de Bourgogne. Chacun des compétiteurs se hâtait de profiter des instants de lucidité qu’avait le roi pour obtenir la sanction des usurpations les plus odieuses, et la reine Isabeau de Bavière donnait les plus funestes exemples de désordre et de prodigalité.
Le schisme divisait toujours la chrétienté. Afin de rétablir l’unité, l’Université de Paris présenta des conclusions que Charles VI accueillit favorablement en 1394 et qui ne pouvaient qu’échouer devant l’obstination des deux prétendants à la tiare. L’Espagnol, Pierre de Luna, qui avait remplacé Clément VII, sous le nom de Benoît XIII, résista dans son palais d’Avignon à toutes les prières et à toutes les menaces avec un entêtement égal à celui de son rival de Rome, Boniface IX. Les deux papes s’excommuniaient sans relâche. Ce conflit passionné agitait profondément l’Europe et ébranlait chaque jour l’autorité de l’Église. Déjà les idées de réformation