un asile en Allemagne, d’où l’empereur Charles IV l’expédia à Clément VI.
Le proscrit, qui s’était intitulé chevalier du Saint-Esprit et Protecteur de l’Italie, fut épargné par le Pontife qui l’avait pourtant déclaré traître et hérétique. Innocent VI, successeur de Clément, irrité de l’insolence intolérable des nobles romains, leur renvoya Rienzi. Celui-ci parvint à les chasser de nouveau, en 1354, et se fit décerner le titre de sénateur. Par son faste et ses imprudences, il ne tarda pas à s’aliéner définitivement la classe populaire dont on n’excite jamais impunément les appétits. À l’instigation de l’aristocratie, le peuple oublieux s’insurgea contre son ancien favori qui lui paraissait un oppresseur. Rienzi parla près d’une heure à la foule furieuse, que son éloquence dominait et qui peut-être allait encore l’acclamer, lorsqu’un valet de la famille Colonna survint et plongea son épée dans la poitrine du tribun.
Cependant les États de l’Église rentrèrent, de 1354 à 1360, sous l’autorité d’Innocent VI ; mais la tyrannie des légats du Saint-Siége détacha peu à peu de la cause pontificale toutes les villes reconquises qui retombèrent sous le joug de leurs seigneurs. Les dernières apparitions des monarques allemands, Henry VII, Louis de Bavière, Jean de Bohême, Charles IV, marquèrent le déclin de la puissance impériale, et l’Italie tomba dans une désorganisation politique de plus en plus complète. De toutes parts les cités se débattaient pour rester indépendantes et ne secouaient la tyrannie d’une famille que pour subir celle d’une autre. À Pise s’intrônisaient, en 1314 les Uguccione della Faggiulo, à Lucques en 1316 les Castruccio Castracani, à Padoue en 1318 les Carrara, à Mantoue en 1328 les Gonzaga, à Ferrare en 1208 les d’Este, à Bologne en 1337 les Pepoli. La rivalité maritime et commerciale de Venise et de Gênes ne cessait d’entretenir entre les deux républiques des luttes acharnées qui aboutirent à la terrible guerre, dite de Chiozza (1370). D’abord vaincus et refoulés dans leurs lagunes, les Vénitiens, ayant à leur tête l’amiral Pisani,